Intervention de Manuel Valls

Réunion du 16 juillet 2013 à 17h15
Commission d'enquête relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'État, entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013, dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du gouvernement

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur :

Votre question est intéressante, monsieur le député, mais révèle, avec tout le respect que je vous dois, une profonde méconnaissance du rôle des services de renseignement. Ou alors, elle nous renvoie à une époque désormais révolue.

On peut éventuellement débattre du temps qui s'est écoulé entre les révélations de Mediapart les 4 et 5 décembre et l'éclatement de la vérité. Les déclarations de M. Cahuzac dans l'hémicycle avaient impressionné, tant au sein de l'opposition que de la majorité. Mais ce qui compte, c'est qu'une procédure judiciaire a été engagée le 8 janvier.

Vous employez, monsieur le député, des « si ». Que se serait-il passé s'il n'y avait pas eu Mediapart ? Mais il y a eu Mediapart, et la presse a un rôle important. S'il n'y avait pas eu procédure judiciaire ? Mais il y a eu procédure judiciaire. S'il n'y avait pas eu un procureur courageux ? Mais il y a eu un procureur, qui a fait son travail. Vous auriez pu ajouter : s'il y avait eu des interventions politiques pour entraver la justice ? Mais il n'y en a pas eu. Les procédures ont été pleinement respectées.

Mon rôle est d'assurer la sécurité des Français. Quant à la DCRI, elle a des missions bien précises, qu'elle conduit sous le contrôle des magistrats. Si j'avais moi-même demandé à la DCRI – pourquoi à elle ? Pourquoi pas à la SDIG ? Tout cela n'a pas de sens ! – de mener une enquête sur les révélations parues dans la presse le 5 décembre, cela aurait été une faute majeure.

Telle est peut-être votre conception du rôle de la DCRI, mais ce n'est pas et ne sera jamais la mienne, je puis vous l'assurer. Sa tâche consiste à lutter contre le terrorisme, contre la criminalité organisée, contre les violences de l'ultra-gauche ou de l'ultra-droite – elle a encore démontré sa compétence ce matin en arrêtant un individu particulièrement dangereux –, non à mettre sur écoute les hommes politiques ou les journalistes.

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