Puisque j'ai décidé de dire la vérité, je vous dis toute la vérité. Ce n'était pas une préoccupation. Pour moi, il fallait que la justice fasse son travail et je ne me suis pas posée pour me demander si Jérôme Cahuzac était coupable ou non. La justice avançait, Cahuzac niait, je n'ai pas fait d'analyse de ses dénégations. A posteriori oui, mais sur le moment, sincèrement, non. À aucun moment je ne me pose la question. Je me souviens du 18 mars, où s'enchaînent les réunions à la chancellerie. Comme je n'ai presque jamais mon portable, je découvre vers le milieu de l'après-midi, parmi les quatre ou cinq notes qui me sont signalées, le résultat de l'expertise, transmise par la police scientifique et technique à l'autorité judiciaire, et qui se situe à mi-chemin du vraisemblable et du non vraisemblable. Je ne suis donc pas plus avancée et je ne m'interroge pas, même à ce moment-là, d'autant que, je le rappelle, l'information judiciaire est ouverte contre X, ce qui permet de penser que le parquet s'interroge, même après le retour d'expertise. Le Premier ministre prendra alors ses responsabilités puisque le ministre du budget est amené à démissionner. Je ne peux pas vous indiquer à quel moment j'ai commencé à douter parce que ce serait faux. Je ne me suis pas non plus demandé s'il disait vrai, d'ailleurs. Ce n'était vraiment pas mon souci.