Quand on est au service d'une multinationale, on connaît sa logique économique et financière. Nous savions que l'usine fermerait si nous refusions l'accord, alors qu'en le signant, nous lui laissions des chances de se maintenir. La CFTC se veut pragmatique. Même si nos chances n'étaient que de 5 %, il fallait relever le défi. Depuis lors, une étude réalisée par la CFTC sur le marché du pneu européen a levé nos doutes.
Je travaille depuis 1982. Pour avoir effectué trente ans de mandat, je connais bien les caractéristiques de notre secteur : surcapacité, obligation de rentabilité, course à la concurrence. Vu la situation internationale, il était indispensable que Goodyear-Dunlop possède, en France, terre de Michelin, un complexe industriel performant. Notre usine est bien située. Elle est proche notamment de l'usine Toyota de Valenciennes, qui est notre client – n'oubliez pas que transporter des pneus coûte cher. Par ailleurs, notre direction a tenu ses engagements en termes d'investissement. Il n'y a donc pas lieu de perdre confiance.
Pour Amiens-Nord, la direction de Goodyear a sa part de responsabilité. Le management était mauvais. Durant les années 90, la législation du travail n'a pas été respectée, ce qui a amené le syndicat à se radicaliser et à attiser une lutte des classes, ce qui ne correspond pas à notre position. À présent, la messe est dite. La France actuelle, ouverte au libre-échange et à la libre concurrence, n'est plus celle des années 60, qui vivait refermée sur ses frontières.