J'ai fort peu de choses à dire, si ce n'est que je suis un peu étonné d'être là et je ne m'y attendais pas – mais j'y souscris volontiers et j'essaierai, dans la mesure du possible, de vous apporter les éclairages demandés.
J'imagine que ce qui vous intéresse est, non pas le résumé de ma carrière, mais comment j'ai connu Jean-Louis Bruguière et suis devenu son mandataire financier.
Jean-Louis Bruguière vient très fréquemment à Villeneuve-sur-Lot ; nos enfants fréquentaient le même club hippique, au château de Rogé. En outre, nous sommes tous deux membres de l'Académie de l'air et de l'espace ; nous fréquentons également le Tomato, une association aéronautique qui compte quelque trois cents anciens de l'aéronautique. Lorsque j'ai appris que Jean-Louis Bruguière souhaitait se présenter aux élections législatives, je lui ai fait une offre de service, dans le cas où il aurait eu besoin d'un coup de main pour rédiger des dossiers sur la situation locale.
Depuis juin 2005, je suis retraité complet ; plus précisément, je suis général de la deuxième section. Un général peut occuper trois positions : la première section, la deuxième section – les généraux placés dans la deuxième section peuvent être rappelés par décret pour reprendre leurs fonctions en première section –, ou la mise à la retraite d'office – ce qui est infamant. En son temps, le président Mitterrand avait menacé 50 à 60 généraux et amiraux qui, en 1988, avaient signé un manifeste en faveur de Jacques Chirac de les mettre à la retraite d'office. Bref, ce n'était pas sympa de la part de Jérôme Cahuzac de me traiter de « général de réserve » !
Jean-Louis Bruguière a accepté mon offre. J'ai rédigé quelques fiches sur la ruralité dans le Lot-et-Garonne, puis j'ai vu un jour arriver des gens qui m'ont dit : « On aurait besoin de vos services comme mandataire financier ». Je suis donc allé à la préfecture d'Agen signer un document à cette fin.
Trois semaines environ avant le premier tour, comme cela ne se passait pas bien au sein de la petite équipe de campagne, Jean-Louis Bruguière m'a demandé d'être son directeur de campagne. Pour moi, cela ne pouvait pas s'improviser ! Aussi près de l'échéance, je ne savais trop que faire. J'ai décidé de préparer ses visites dans les municipalités – Jean-Louis Bruguière avait en effet décidé de visiter les 118 communes de la circonscription, canton par canton. Mon rôle s'est donc limité à établir des itinéraires pour essayer de respecter le temps imparti à chaque mairie ; mais ce fut impossible : vous savez bien qu'on ne contrôle pas le temps que l'on passe à discuter avec des élus !
J'ai également fait mon travail de mandataire financier, et mon dossier a été validé, à la réserve d'un redressement de 90 euros – somme qui correspondait aux dépenses engagées pour apporter le dossier à Paris et pour payer un repas sortant du cadre de la campagne électorale – sur un total de 60 000 euros. C'est tout.