Il est vrai que je pourrais écrire un livre sur cette campagne !
Pour être franc, Jean-Louis Bruguière n'a jamais quitté sa robe de magistrat : il était le juge antiterroriste, qui arrivait avec une certaine aura. En outre, il a passé sa vie à interroger des malfrats ou des terroristes qui se trouvaient face à lui, entre deux gendarmes. Cela ne pousse pas à être très gai, ni très communicatif !
Durant la campagne, il est resté égal à lui-même. Je me souviens que lorsque je marchais avec lui dans les rues de Villeneuve-sur-Lot, il m'arrivait de le rattraper pour lui dire : « Jean-Louis, regarde : ce couple de petits vieux t'a dit bonjour et tu n'as pas répondu ! ». Il avait la tête ailleurs…
J'ignore s'il était sûr de gagner, mais quand on obtient 41 % des voix au premier tour, on a quand même bon espoir. Jérôme Cahuzac avait 2 500 voix de retard ; en une semaine, il en a gagné 5 000 ! Le soir, il allait dans les cafés, il embauchait à tour de bras des personnes qui étaient au chômage – qu'il a dû licencier quinze jours après, mais qu'importe. Bref : il était sur le terrain. Sans vouloir le trahir, je dois dire que Jean-Louis Bruguière ne m'a pas donné la même impression de hargne.