Intervention de Michel Dheilly

Réunion du 18 septembre 2013 à 17h00
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Michel Dheilly, directeur de production de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord :

Au-delà de Mickaël Wamen qui a tenu ce discours, toute la section syndicale est en cause.

On m'accuse aujourd'hui de faire mon travail de directeur en répondant clairement aux questions des salariés – et, pour venir régulièrement le week-end, je côtoie aussi ceux qui ne bénéficient pas des horaires de bureau classiques. Mais il est légitime de leur dire la vérité : la procédure avance et le projet de fermeture du site progresse. Certes, il peut encore se trouver stoppé, comme l'ont été plusieurs PSE, mais, pour l'heure, la procédure suit son cours et, si elle est menée à son terme, le site sera fermé. Faut-il le cacher aux salariés ? Cela dérange visiblement certains que l'on puisse leur dire que nous sommes passés à côté d'un projet de complexe unique. J'y avais travaillé, j'y avais cru ; en tant que chargé de projet, responsable de production, vous ne souhaitez qu'une chose : faire fructifier votre outil industriel, voir l'usine transformée, satisfaire toutes les attentes des salariés – et, pour commencer, leur donner du travail. Aujourd'hui, je regrette – comme certainement nombre d'entre eux – que l'on ait manqué cette occasion, que la reprise du site par Titan n'ait pas abouti, alors qu'elle prévoyait la préservation de 537 emplois – sans parler des emplois induits – et une sortie honorable, avec possibilité de reclassement, pour l'ensemble des salariés. Considère-t-on qu'un directeur ne doit pas dire la vérité ? Pour ma part, je continuerai à discuter avec mes salariés comme que je le fais aujourd'hui, en essayant de leur répondre de la manière la plus honnête possible ; sans honnêteté, je n'occuperais pas ce poste aujourd'hui.

On m'a opposé à de nombreuses reprises le fait de ne pas avoir été élu, mais nommé directeur d'usine. On a incité des salariés à déposer une plainte contre moi à cause des propos que j'ai tenus en discutant avec eux, et on m'a demandé de reporter la réunion du CHSCT pour m'expliquer sur un cas de harcèlement. J'ai accepté, de manière que les partenaires sociaux – en l'occurrence la CGT – puissent mener l'enquête. Or, deux mois plus tard, il s'est avéré que deux personnes seulement avaient affirmé se sentir harcelées. Sans entrer dans un débat juridique, reconnaissons qu'on est loin de la véritable définition du harcèlement. Même si cela dérange, mon devoir reste de dire les choses telles qu'elles sont, sans dramatiser la situation.

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