J'ai travaillé avec M. Mangier de 1984 à 2009 ; bien qu'il fût le plus gradé de nous deux, nous entretenions des relations de camaraderie et formions un binôme, partageant toutes les informations. Nous avions une entière confiance mutuelle.
Même si je ne me souviens plus des détails, il s'agissait pour nous d'un dossier comme les autres, et nous l'avons traité en conséquence. J'aurais peut-être pu lui conseiller d'en parler à M. André ; cela aurait d'ailleurs évité que le dossier reste si longtemps dans nos services, car M. André n'aurait pas manqué de nous demander de faire le point sur nos recherches. Aujourd'hui, ce type d'oubli n'arriverait plus : toutes les demandes de dossiers se font via le système informatique, et le chef de service peut à tout moment voir sur quel dossier on travaille. De temps en temps, on reçoit des alertes indiquant qu'on détient un dossier depuis tant de jours et nous demandant si on en a toujours besoin. À l'époque, ce n'était pas le cas ; ces dossiers devenaient d'ailleurs vite inexploitables, car les documents qu'ils contenaient au moment de la demande se prescrivaient avec le temps, et le service ne nous envoyait pas de mises à jour, gardant les nouveaux documents qu'il recevait.
J'assume ma part de responsabilité : j'aurais sans doute dû conseiller à M. Mangier d'en parler, ou bien en parler moi-même, car si c'est mon collègue qui a apporté l'information initiale, nous avons discuté de ce dossier ensemble. Nous n'avons pas averti notre hiérarchie, mais sans aucune malice.