Intervention de Pierre Condamin-Gerbier

Réunion du 3 juillet 2013 à 14h00
Commission d'enquête relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'État, entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013, dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du gouvernement

Pierre Condamin-Gerbier, gestionnaire de fortune, ancien associé-gérant de Reyl Private Office :

Vous ferez ce que vous voudrez de mon témoignage : c'est celui d'un homme qui décrit un terrain dont vous ignorez tout, mais qui n'a aucun intérêt à vous mentir. Si je suis malheureusement l'un des seuls à parler aujourd'hui, le développement de cette affaire et le travail de la justice en amèneront d'autres à s'exprimer.

Pour revenir au sujet de l'audition, une petite chronologie permettra d'éclairer mon propos. Reyl Private Office – filiale de Reyl & Cie se spécialisant dans le family office, dont je suis ancien associé-gérant – possède ses propres clients dont certains seulement lui sont communs avec l'établissement principal. J'ignorais si M. Cahuzac figurait dans les livres et les clients de Reyl & Cie, lorsque j'ai lu, le 13 décembre 2012, un article du quotidien suisse Le Temps, signé de l'ancien correspondant parisien du journal, Sylvain Besson. Ce dernier affirmait que l'interlocuteur probable de M. Cahuzac sur l'enregistrement communiqué par Mediapart était M. Hervé Dreyfus, demi-frère de Dominique Reyl, dont je connais parfaitement les fonctions et les relations avec le groupe Reyl. Jusque-là, je restais persuadé que Mediapart n'avait pas vraiment d'éléments solides, qu'il s'efforçait surtout de montrer qu'après avoir attaqué la droite, il pouvait en faire autant avec la gauche mais la lecture de cet article m'a fait comprendre que l'affaire Cahuzac existait réellement.

Quiconque entre le nom d'Hervé Dreyfus dans un moteur de recherche sur Internet peut comprendre ses liens de famille avec les actionnaires du groupe Reyl. Les services de renseignement, les services fiscaux et l'administration française lisent certainement la presse suisse, comme celle des autres pays ; mais rien n'a été fait, le 13 décembre, pour savoir qui est Hervé Dreyfus, quels sont ses liens avec Reyl et le rôle qu'il avait pu jouer.

Ayant gardé mes conclusions pour moi, je suis entendu pour la première fois à la mi-février, à Annecy, par les enquêteurs de la brigade financière, dans le cadre de l'affaire Cahuzac. Je réponds précisément à leurs questions, leur indique qui est Hervé Dreyfus et avec quel établissement il entretient des liens familiaux et d'affaires, sans toutefois me prononcer sur la certitude d'une faute de M. Cahuzac puisque je ne le sais pas.

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