Si vous le permettez, monsieur le rapporteur, Maître Gonelle a dit « il y a une petite erreur » parlant de 2008 versus 2001. Il a surtout dit que ce n'était pas lui qui avait commis cette erreur, mais le journaliste.
Si Maître Gonelle est « avocat, et non procureur ou enquêteur », comme il l'a dit, je suis, pour ma part, enquêteur de formation. Je me suis donc livré à quelques vérifications. Le premier communiqué AFP, qui évoque 2008, a été repris quasiment in extenso par plusieurs journaux. On pourrait penser qu'y est reprise une erreur initiale. Seulement dans d'autres interviews, à d'autres dates, dans Le Courrier picard, Marianne ou Rue 89, c'est aussi la date de 2008 qui est citée. On pourrait évoquer une erreur de transcription. Mais il suffit d'aller sur YouTube, comme je l'ai fait, pour y visionner la vidéo d'une interview à BFM TV, et il ne peut y avoir là d'erreur de transcription. Maître Gonelle, qui met d'ailleurs également en cause la Cour des comptes dans cette interview, y parle bien de 2008. Ce n'est pas une « petite erreur », et si c'est une erreur, ce n'est pas une erreur du journaliste, mais de Maître Gonelle.
S'agit-il d'une « petite erreur » ? Je vais reprendre les articles de presse que j'évoquais tout à l'heure. Il est en effet intéressant de voir la théorie échafaudée derrière la date de 2008. Permettez-moi de donner lecture de quelques-uns de ces articles qui sont à la fois des narrations et des réflexions de journalistes, mais aussi des confirmations des propos de M. Gonelle. Dans Le Courrier picard du 5 avril 2013, on lit : « Selon un haut fonctionnaire des douanes, élu d'une ville de l'Oise (…) ». Je suis élu, mais pas de l'Oise. L'article poursuit : « Quoi qu'il en soit, Gonelle maintient ces affirmations sur le fond. Pour lui, le compte suisse de Jérôme Cahuzac a bien été mis sous l'éteignoir sous la droite au gouvernement. On peut considérer qu'à cette époque, en 2008, il y avait deux sources possibles d'information pour le gouvernement de l'époque. Laissons faire les magistrats instructeurs. »
Presque une semaine plus tard, on peut lire dans Marianne : « Deux autres sources convergent à l'époque vers le puissant ministre du budget et ancien trésorier de la campagne, Éric Woerth. L'une est douanière, l'autre est fiscale. Côté douanes, un spécialiste de l'évasion fiscale, élu depuis dans une ville du Val d'Oise [ l'erreur a été corrigée] rédige une note dans laquelle il mentionne l'existence du compte suisse de Cahuzac, une note sensible qui ne manque pas de remonter jusqu'à la cellule fiscale de Bercy, autrement dit au cabinet du ministre. » Le journaliste de poursuivre : « C'est la clé de l'affaire, avance M. Gonelle. On ne comprend rien si on ne prend pas en compte la relation entre Éric Woerth et Jérôme Cahuzac… »