Nous avons déféré à votre convocation d'autant plus volontiers, monsieur le président, que c'est pour nous une obligation. Nous venons devant vous comme journalistes avec nos règles professionnelles, que sont la vérité des faits et la rigueur mais nous avons aussi une responsabilité démocratique.
Votre commission s'interroge sur un mensonge, qui a couvert une fraude qui portait gravement atteinte au crédit de l'État, du Gouvernement, de l'administration. Dans un texte provoqué par le choc des révélations des « Documents du Pentagone » à propos de la guerre du Viêtnam, Du mensonge en politique, la philosophe Hannah Arendt expliquait l'importance considérable de la mission d'une « presse libre et non corrompue », au service du « droit à une information véridique et non manipulée, sans quoi la liberté d'opinion n'est plus qu'une cruelle mystification ». Telle est la ligne de Mediapart : apporter des informations d'intérêt public aux citoyens, afin qu'ils soient libres et autonomes. Notre première obligation est à l'égard des citoyens. Notre première rigueur est le respect de la vérité. Notre première discipline est la vérification.
La seule limite de notre témoignage sera, vous l'avez dit, le respect du secret des sources, qui protège les citoyens eux-mêmes, ces lanceurs d'alerte qui permettent que des vérités parfois dérangeantes soient mises au jour.
Par un heureux hasard de dates, Mediapart a rassemblé dans un livre, L'Affaire Cahuzac en bloc et en détail, l'ensemble des quatre mois d'enquête de Fabrice Arfi et des presque quatre mois durant lesquels il a fallu défendre cette enquête afin que la vérité soit enfin reconnue.