Intervention de Edwy Plenel

Réunion du 21 mai 2013 à 8h45
Commission d'enquête relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'État, entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013, dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du gouvernement

Edwy Plenel, journaliste et président de Mediapart :

Il s'agit ici d'une procédure qui se déroule entre les administrations.

Dans le respect du contradictoire, nous avons rencontré Pierre Moscovici, à deux reprises. Je l'ai moi-même rencontré en tête-à-tête, à sa demande et je l'ai convaincu de nous rencontrer pour une interview. Le ministre de l'économie plaide la bonne foi : pour lui, nous n'avons parlé de Reyl que le 1er février. Je lui montre que ce n'est pas vrai – votre cabinet vous a sans doute mal informé, lui dis-je, puisque Mediapart ne traîne pas sur les bureaux comme un journal ordinaire : Reyl a été mentionné à plusieurs reprises, et le rôle central d'Hervé Dreyfus a été aussi mentionné ; vous ne pouvez pas dire que vous ne saviez pas.

C'est à ce moment que M. Moscovici nous confirme ce que nous entendions dire depuis plusieurs jours : dès le 14 décembre, après avoir établi un « mur » entre le ministre du budget et l'administration fiscale pour « éviter le conflit d'intérêts », celle-ci a demandé à M. Cahuzac de confirmer officiellement ce qu'il a déclaré dans l'enceinte du Palais-Bourbon. C'est tout simple, après tout : le contribuable signe un document, couvert par le secret fiscal, dans lequel il ne fait que confirmer ce qu'il a dit au Président de la République, au Premier ministre, à la représentation nationale, aux médias. Il a trente jours pour le faire ; au 14 janvier, il ne l'a pas signé.

Néanmoins, une démarche est faite. M. Moscovici vous expliquera que c'est justement l'absence de réponse qui est à l'origine de la démarche, mais on peut aussi l'interpréter différemment : comment, dès lors que le contribuable Cahuzac refuse de signer cette confirmation écrite, n'a-t-on pas considéré qu'il se mettait en tort vis-à-vis de l'administration fiscale ? Soit il y a là de l'amateurisme, de la légèreté, des vérifications insuffisantes ; soit il y a une hypothèse d'instrumentalisation, peut-être à l'insu du ministre de l'économie – qui l'a d'ailleurs lui-même laissé entendre –, pour une communication dont chacun a pu voir l'ampleur, notamment dans le Journal du dimanche.

M. Moscovici m'a fait part de son émotion et de sa colère face à cette instrumentalisation par l'entourage de M. Cahuzac de la réponse suisse.

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