Intervention de Edwy Plenel

Réunion du 21 mai 2013 à 8h45
Commission d'enquête relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'État, entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013, dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du gouvernement

Edwy Plenel, journaliste et président de Mediapart :

Ce qui ruine la démocratie ne saurait réjouir des journalistes attachés au bon fonctionnement de la République. Notre témoignage ne cherche pas à désigner des individus ; nous n'accablons pas l'homme Cahuzac. Mais il n'est pas normal dans une démocratie qu'un journal doive se battre à ce point pour que soit reconnue la vérité de ses informations. Il s'en est fallu de peu que le mensonge ne l'emporte : si nous n'avions pas, pour défendre nos droits de journalistes, interpellé le procureur de la République, il n'y aurait peut-être pas eu d'enquête préliminaire ; si nous n'avions pas accepté, après avoir pris conseil auprès de notre avocat d'apporter aux inspecteurs concernés la même offre de preuves que nous aurions apportée dans le cadre d'un procès en diffamation, cette enquête préliminaire n'aurait sans doute pas prospéré.

J'ai été entendu à Nanterre, par la police judiciaire, le 31 janvier ; Fabrice Arfi le 5 février. Il se savait alors dans l'administration, notamment au ministère de l'intérieur, que Mediapart apportait ses éléments de preuve à la police judiciaire – au moment même où se déroulait l'opération de communication sur la mauvaise réponse suisse.

Cette histoire illustre d'immenses dysfonctionnements démocratiques. Le pouvoir exécutif a été tétanisé : le ministre de l'intérieur n'a pas trouvé le moyen –la police, les services de renseignements,… – d'en savoir plus que Mediapart ; l'administration fiscale, malgré une lecture attentive de Mediapart, n'a pas su poser les bonnes questions. La justice ne s'est pas mise en branle spontanément. Le pouvoir législatif s'est coalisé ; M. Cahuzac a été soutenu à droite comme à gauche, et on a refusé de voir. Pourtant, il y a une famille politique qui était bien placée, grâce à M. Gonelle, pour connaître la réalité des faits. Le pouvoir médiatique enfin est un contre-pouvoir, il ne concerne pas cette commission.

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