Au vu des informations de Mediapart, vous considérez qu'il n'était pas possible de poser d'autres questions que celles qui ont été posées. Je maintiens qu'à partir du moment où une enquête préliminaire était ouverte, c'était une aggravation des conflits d'intérêts déjà existants.
Ce que vous ne voulez pas voir, c'est qu'il ne s'agit pas seulement d'une petite mise en scène médiatique. L'administration fiscale, qui est parfaitement au courant de la convention OCDE, est consciente du problème posé par les politically exposed people, qui doivent être signalés par les établissements bancaires et à qui on doit demander l'origine des fonds. C'est pour ça que M. Cahuzac demande le transfert à Singapour. Il peut mentir d'autant plus qu'il sait que le compte n'est pas au nom de Cahuzac. Un mois et demi après nos révélations, l'administration fiscale, qui connaît les règles et qui, je l'espère, nous a lus en détail, laisse poser la mauvaise question. Au même moment, des sources judiciaires anonymes du parquet disent que c'est un simple renseignement, qui n'a pas d'autre valeur. Le parquet n'a pas fait de démarche compliquée auprès de la Suisse puisqu'il s'agissait d'une enquête préliminaire et pourtant il avait les moyens de se rendre compte que ce n'était pas la bonne question.
Après la démission de M. Cahuzac, le Nouvel Observateur a écrit que l'entourage de M. Cahuzac avait tenté de retarder l'ouverture de l'enquête préliminaire, de façon à ce que la réponse suisse arrive avant. Le coeur du problème est là. Si nous ne nous étions pas entêtés, le mensonge serait aujourd'hui la vérité.