En effet, sans mettre en branle les moyens de l'État, M. Cahuzac aurait pu écrire à UBS, d'autant que la banque avait dit qu'elle répondrait à condition que la question soit bien formulée au regard des textes suisses : « voulez-vous me donner toutes les informations concernant notre relation client ? » Il faut une démarche affirmative pour saisir la banque, et l'autoriser à lever le secret bancaire. Or cela n'a pas été fait. Au lieu de quoi, le 11 décembre, Edmond Tavernier, le correspondant suisse de Gilles August, l'avocat de Jérôme Cahuzac, a écrit aux services juridiques d'UBS, sans dire qui il représentait, pour demander, d'après le document qui a été rendu public, si la banque répondrait si l'un de ses clients l'interrogeait pour avoir la confirmation négative de l'existence d'un compte. La banque a répondu qu'elle ne donnait pas de confirmation négative – c'est l'expression utilisée – mais qu'elle répondrait à d'autres questions. Elle a d'ailleurs précisé à ma consoeur de Challenges, Gaëlle Macke que, si la bonne question lui était posée, elle y répondrait. Or elle ne sera jamais posée, de même que ne sera jamais signée la déclaration du 14 décembre par Jérôme Chauzac, ni contestée devant les tribunaux la réalité de l'enregistrement. Jérôme Cahuzac mettra quinze jours à le démentir en avançant que son frère n'a pas reconnu sa voix. Bref, derrière les dénégations péremptoires de M. Cahuzac, il ne manquait pas d'indices exposés sur la place publique pour voir qu'il faisait tout pour que la vérité n'éclate pas.