Intervention de Edwy Plenel

Réunion du 21 mai 2013 à 8h45
Commission d'enquête relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'État, entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013, dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du gouvernement

Edwy Plenel, journaliste et président de Mediapart :

Nous ne nous attendions pas du tout, dans cette histoire, à devoir assumer pendant trois mois ce que vous appelez un feuilleton, et nous, une bataille, une épreuve. Seules trois rédactions nous ont accompagnés : celles de France Culture, qui a mené des investigations en Suisse, de La Croix et de Sud-Ouest, qui connaissait le terrain local. Et vous connaissez le débat public. Dans notre candeur, nous n'excluions pas que M. Cahuzac, quand nous l'avons contacté le lundi 3 décembre, admette avoir eu ce compte, l'avoir fermé ou oublié de le faire, et s'en explique. Mediapart n'est pas du côté de ceux qui proclament « Tous pourris ». Nous portons crédit aux fonctions que vous occupez. Il arrive que l'on fasse des erreurs. Il reste à l'admettre et à en rendre compte. D'où l'importance essentielle du conflit d'intérêts. Il ne faut pas entraîner ceux dont on a la charge, sa famille politique, le Gouvernement dans son mensonge.

Quant au côté « à suivre… », notre rôle est de faire connaître les informations d'intérêt public, et d'essayer de comprendre. Or, nous ne comprenons pas pourquoi il a été si difficile d'accepter cette vérité, nous ne comprenons pas ces liens transcourants entre familles politiques. Et nous ne comprenons pas le point de départ de l'affaire. C'est l'enjeu de l'information judiciaire. Nous avons révélé il y a peu que M. Cahuzac, quatre mois après avoir quitté le cabinet de M. Claude Évin, où il s'occupait de la pharmacie et du médicament – vous connaissez l'importance des autorisations de mise sur le marché et du remboursement par la sécurité sociale –, avant d'ouvrir sa clinique ou de lancer de manière très active son cabinet de conseil qui traite ce qu'il traitait au nom de l'État, intervient pour éviter le déremboursement d'un médicament discutable contre la fatigue des femmes. Grâce à lui, le laboratoire a gagné trois ou quatre ans, et des dizaines de millions. D'où vient donc l'argent du compte puisque c'est ni de la clinique, ni de son activité de conseil ? Pourquoi travaille-t-il sur les mêmes sujets que quand il était dans un cabinet ministériel ? Qu'en était-il à cette période ?

Enfin, je vous redis ce que j'ai déjà dit, toute personne liée à Mediapart – salarié, avocat ou actionnaire – pouvait dire à son interlocuteur, fût-il Président de la République, que Mediapart était solide et prêt à assumer toutes les conséquences de ses informations.

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