Le non-recours à l'article 40 vous interroge vous, le législateur. Nous sommes en pleine hypocrisie française. Tout dépositaire de l'autorité publique qui est témoin d'une infraction, d'un délit ou d'un crime, est tenu d'alerter le procureur de la République, mais le non-respect de cette obligation n'est pas sanctionné. Il est donc très peu utilisé. Si la contrainte qui pèse sur les fonctionnaires et les sanctions qu'ils encourent étaient plus fortes, peut-être certains d'entre eux y auraient-ils eu davantage recours.
Profitez de votre liberté pour aller chercher les documents là où ils sont. Allez voir la DCRI, l'ex-DST, la douane, la DGSE. Il y a des gens qui ont des choses à vous dire.
Mediapart n'a pas eu à subir, sous la présidence Hollande, et depuis cette première grande affaire du quinquennat, de pressions, y compris de violences verbales comme nous en avions connues sous la présidence Sarkozy quand nous avons révélé l'affaire Bettencourt, l'affaire Karachi, l'affaire Tapie ou l'affaire Khadafi-Takieddine. Nous avions été traités par plusieurs membres du Gouvernement de « fascistes », accusés d'être une « officine du PS » – on voit ce que ça donne –, d'être des « justiciers » et des « procureurs ». Mediapart a été cambriolé, comme d'autres rédactions, au moment de l'affaire Bettencourt. Nous avons été surveillés par les services de renseignement sous la présidence Sarkozy, ce que Le Canard enchaîné a raconté, et ce qu'ont écrit des confrères dans un livre très documenté, L'Espion du Président. Nous n'avons rien connu de tel. En revanche, nous avons connu une solitude médiatique extravagante.
Et nous entendons beaucoup le mot « mensonge ». Comme si l'affaire tournait autour du mensonge d'un homme. On entend bien éléments de langage qui sont derrière : c'est la « faute d'un homme », c'est une « faute personnelle ». Mais un homme peut mentir, surtout s'il est mis en difficulté et c'est même son droit. Un mis en examen a le droit de mentir.