Monsieur le président, l'établissement que vous dirigez a su occuper une place essentielle dans la famille des grandes institutions muséales.
Vous avez rappelé que ce musée est le fruit d'une volonté partagée entre le président Jacques Chirac et le premier ministre Lionel Jospin. Sans doute faut-il y voir l'une des clés de la réussite de cet établissement.
Jean Nouvel souhaitait que l'on s'y perde. Pour fréquenter régulièrement les musées, je peux témoigner de ce sentiment de perte de nos repères habituels. Les oeuvres y sont si puissantes, si nombreuses, les choix si originaux que l'on est un peu submergé. De l'avis de tous, la lisibilité méritait d'y être améliorée. Avez-vous réussi à concilier la volonté de l'architecte et la nécessité de donner au visiteur les clés de compréhension de ces oeuvres majeures ?
Vous avez souligné l'importance du fonctionnement d'une institution culturelle. Celui-ci peut représenter, en quelques années seulement, l'équivalent de l'investissement. Or vos crédits vont diminuer de 2 % à 2,5 %, conformément à la volonté de la ministre de privilégier les crédits du spectacle vivant. Comme l'explique l'entourage de la ministre, « nous avons pris dans la caisse des plus riches » – Louvre, Orsay, Opéra de Paris, Versailles, Fontainebleau, musée du quai Branly. Moins de travaux, moins d'expositions : tel est le sort réservé aujourd'hui aux grands établissements. Le risque est de voir moins d'expositions temporaires avec moins de prêteurs sollicités. Comment pensez-vous régler cette nouvelle donne budgétaire, monsieur le président ?
La ministre de la culture souhaite la circulation des oeuvres. Ce sujet fait débat depuis le lancement du projet du Louvre d'Abu Dhabi. Dans une émission récente diffusée sur France Culture, le nouveau directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, a clairement indiqué que sa priorité était l'amélioration de l'accueil du public. Il est possible de faire sortir des oeuvres de votre établissement sans appauvrir les collections permanentes tant vos collections sont abondantes. En définitive, monsieur le président, vous êtes plutôt un prêteur qu'un conservateur.