Intervention de Mickael Wamen

Réunion du 10 septembre 2013 à 18h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Mickael Wamen, représentant de la CGT du comité d'entreprise de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord :

Au cours d'une réunion à Rueil-Malmaison nous avons appris que le site de Montluçon allait subir l'arrêt de son activité poids lourds – et non agricole : il n'y avait pas d'activité agricole à Montluçon – alors que ce site était le plus performant du groupe Dunlop. Le « poids lourd » a été transféré au Luxembourg et au Royaume-Uni. Il n'y a donc pas eu de délocalisation franco-française. Depuis, il n'y a presque plus d'activité « poids lourd » au Luxembourg et les trois sites britanniques ont été fermés : toute leur production a été délocalisée en Europe de l'Est, pour partie en Slovénie, à Kranj, dans le cadre d'un partenariat avec Sava, pour partie en Pologne, à Dębica, dont l'usine de pneus, qui porte le même nom que la ville, a multiplié sa production par dix depuis son rachat par Goodyear.

Vous avez évoqué la rationalisation de l'outil de travail : il faut savoir que nous ne nous sommes pas contentés de critiquer les propositions de la direction de Goodyear, s'agissant notamment des 4x8. Nous avons fait intervenir le cabinet SECAFI, qui a proposé les 5x8, comme chez Michelin qui y voit un grand avantage en termes de flexibilité pour éviter le chômage partiel, voire les licenciements – tous les sites français de Michelin sont en 5x8. Cette proposition a été refusée par la direction, comme le projet de SCOP, parce que, en réalité, les 4x8 n'étaient qu'un prétexte avancé par le groupe qui savait d'avance que les salariés de Goodyear y seraient opposés – pourquoi auraient-ils accepté en 2007 ce qu'ils avaient refusé en 1995 ?

Il y a eu à Amiens un gâchis sans nom. Ces deux usines réunies dans un même complexe et dans une même force de production auraient ouvert un avenir radieux, non pas tant aux salariés qu'à l'entité Goodyear Dunlop France elle-même. Goodyear est passé à côté d'une occasion. Nos propositions alternatives ont été systématiquement balayées. Avec les 4x8 on presse un citron qui n'a presque plus de jus, le temps d'achever le transfert des activités.

J'ai la preuve de la délocalisation de la production des pneus. Leur fabrication répond à des codes. Par exemple le code D232 correspond aux pneus d'équipement d'origine des Peugeot 205 et 206. En 2008, le site avait en stock vingt-sept moules de ces pneus, et il n'en restait plus que dix en 2010.

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