La priorité du groupe SECAFI n'est pas de gérer les desirata des représentants du personnel. L'élu CGT que je suis n'a d'ailleurs pas voté pour SECAFI. J'étais favorable au cabinet ALTER, qui rencontre des difficultés juridiques avec Goodyear. Si j'ai interpellé les instances nationales de la CGT au sujet de SECAFI, c'est que ce cabinet a travaillé longtemps avec les organisations de la CGT. Il avait l'avantage d'être présent dans toutes les entreprises du caoutchouc : son analyse était devenue incontournable. Malheureusement, ce cabinet n'a plus fait d'analyses purement économiques depuis le jour où il est devenu un cabinet de reclassement. Toutes les directions d'entreprises viennent plaider la cause des fermetures avec les rapports de SECAFI et les cellules de reclassement sont systématiquement SODIE et SEMAPHORES. Nous assignerons Alpha Conseil, auquel appartient SECAFI, devant les tribunaux parce que nous considérons que ce groupe propose de façon maquillée des services en se fondant sur un rapport bâclé en quatorze jours. Nous estimons qu'Alpha Conseil vend non pas des rapports d'expertise mais des cabinets de reclassement.
Quant aux usines Goodyear en France, elles ne sont pas toutes en 4x8 : les sites de Montluçon et de Riom sont en 3x8-SD. Or le site de Dunlop Montluçon recevra l'année prochaine une enveloppe d'investissements vingt fois supérieure à celle d'Amiens-Nord. Pourquoi Goodyear ne cherche-t-il pas imposer les 4x8 à Montluçon comme il l'a fait à Amiens-Nord ?
Enfin, j'ai rencontré personnellement M. Maurice Taylor : le personnage est assez intéressant. Il a indiqué à M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, que Titan allait acheter un fabricant de pneus chinois ou indien dont les salariés seraient payés moins d'un euro de l'heure. Il est vrai que les salariés d'Amiens-Nord ne peuvent pas rivaliser ! Il a ajouté qu'il exporterait tous les pneus dont la France a besoin. Maurice Taylor n'avait qu'une décision à prendre : celle de fermer notre usine. Tout est donc réglé depuis bien longtemps entre Goodyear et Titan. Il est clair que Goodyear ment à tout le monde, y compris à la justice française. Les documents que nous vous remettons aujourd'hui et ceux que nous vous remettrons à votre demande montrent que la direction du groupe a décidé depuis des années de délocaliser la production d'Amiens-Nord dans un premier temps et de fermer le site d'Amiens-Sud dans un second temps. Goodyear se séparera de l'ensemble de ses activités pneumatiques en France pour ne garder, comme il l'a fait au Royaume-Uni, en Grèce et en Italie, que des sites dédiés à la vente de pneumatiques.