Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, après les multiples promesses effectuées par François Hollande, qui ont entretenu un flou impressionnant durant toutes les années où vous êtes restés dans l’opposition depuis 2002, voilà le gouvernement socialiste au pied du mur. Il est vrai que vous ne vous êtes pas contentés de vous opposer aux réformes de 2003 et 2010 ; vous avez fait quelques propositions. En 2003, au congrès de Dijon, la motion de François Hollande promettait de conserver le départ à la retraite à 60 ans ; en 2010, ceux d’entre vous qui étaient déjà là défilaient à cette même tribune pour dire combien il était scandaleux de repousser l’âge légal de 60 ans à 62 ans – Jean-Marc Ayrault promettait même que vous reviendriez à la retraite à 60 ans. Enfin, en 2011, le projet présidentiel du parti socialiste était très clair – peut-être un peu plus que ne l’était son candidat – quand il affirmait : « Nous rétablirons l’âge légal de départ à 60 ans ».
Les Français ont beau chercher dans votre projet de réforme cette fameuse promesse, ils n’en trouvent plus aucune trace. À ce niveau, mes chers collègues, une telle promesse non tenue est un mensonge de campagne avéré, vous en conviendrez. En 2010, votre principal argument était de nous expliquer qu’il ne fallait pas passer à 62 ans, parce que ce n’était pas un engagement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Si nous avons eu le courage de faire plus que ce que nous avions promis pour sauver notre système de retraite par répartition, vous êtes, pour votre part, en train de céder à la lâcheté des promesses de campagne inconsidérées, quitte à décrédibiliser, une fois de plus, la parole du Président de la République. Aujourd’hui, vous encourez deux accusations : celle de lâcheté, formulée sur la droite de l’hémicycle, et celle de trahison, du côté de nos collègues communistes – eux qui, à la différence de nous, vous ont cru et ont voté pour vous au second tour.
Je veux vous poser une question, madame la ministre : pouvez-vous dire ouvertement, devant les Français, ce qui vous a fait changer d’avis ? Avez-vous menti sciemment – ce que personne ne veut croire – ou avez-vous simplement évolué et découvert le monde réel après l’accession de François Hollande à la présidence de la République ? S’il est une certitude, c’est que la réforme des retraites de 2013 ne marquera pas l’histoire de la protection sociale en France. Votre ambition de refonder le système, énoncée à la légère durant la campagne présidentielle, semble être tombée aux oubliettes, voire sacrifiée sur l’autel des prochaines élections. Vous ne le savez que trop : il y aurait beaucoup de coups à prendre à mener une réforme des retraites à la hauteur de ses enjeux. À force de jouer sur des curseurs hors d’âge, vous faites le choix, une fois de plus, de faire supporter la charge par les générations futures, au lieu de traiter réellement le problème. Ainsi, vous ne faites aucun cas du fait que le Conseil d’orientation des retraites chiffre à 21 milliards d’euros les besoins de financement de l’ensemble des régimes d’ici à 2020, puisque vous ne vous préoccupez que de trouver 7,5 milliards d’euros.
Après les déclarations quelque peu candides de Germinal Peiro relatives aux retraites agricoles, je voudrais rétablir la vérité à ce sujet. Certes, votre texte traduit une partie des engagements de François Hollande lors de la campagne présidentielle pour faire progresser le niveau de pension des retraités agricoles – qui, je le rappelle, sont parmi les plus faibles. Cependant, madame la ministre, ces engagements sont-ils de nature à améliorer vraiment le quotidien des retraités agricoles ?