Intervention de Philippe Martin

Réunion du 9 octobre 2012 à 18h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Martin :

Je vous remercie, madame la présidente, monsieur le président, d'avoir organisé cette réunion – à laquelle d'autres succéderont. Elle vient au bon moment et n'a rien de précipité. En tout état de cause, se tenant trois semaines après la publication de l'étude du professeur Séralini, elle est moins hâtive que ne l'ont été certains commentaires. Monsieur Accoyer, vous qui dénoncez la précipitation, ne pensez-vous pas que certains détracteurs de cette étude en ont fait preuve, qui, le lendemain même de sa publication, formulaient un avis ? Enfin, puisque vous vous interrogez sur son financement, dois-je vous apprendre qu'un sénateur UMP y a, semble-t-il, contribué grâce à des crédits provenant de la réserve parlementaire ?

Élu du Gers, département où, des années durant, les semenciers ont en catimini imposé aux agriculteurs et à tous les habitants des expérimentations d'OGM en plein champ, je puis témoigner que la confidentialité exigée alors allait bien au-delà de l'embargo demandé à la presse par le professeur Séralini. Je remercie chaleureusement ce dernier d'avoir soulevé la chape qui pesait depuis des années sur le sujet. Après son étude, rien ne pourra plus être comme avant. Je me réjouis que le ministre de l'agriculture ait décidé de revoir les procédures d'autorisation des OGM. C'est déjà un progrès considérable.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments juge cette étude insuffisante et « inadéquate ». Durant des années, ce sont les conflits d'intérêt au sein de cette Autorité que nous jugions, nous, inopportuns. Chacun se souvient du départ de la présidente du conseil d'administration, Mme Bánáti, pour l'ILSI dont elle allait devenir directrice ! Les experts qui s'érigent aujourd'hui en censeurs de l'étude du professeur Séralini sont ceux-là même qui ont autorisé le maïs NK 603. Comment pourraient-ils se déjuger aussi rapidement ?

Je regrette que le président de l'INRA ait parlé du « doute » et du « poison de la peur » que cette étude aurait instillés dans les consciences. L'absence de doute des grandes firmes semencières et l'opacité de leur activité me semblent constituer un poison bien plus redoutable, ne serait-ce que pour la démocratie.

Selon vous, professeur, pourquoi les données sur lesquelles s'est appuyée l'autorisation du maïs NK 603 n'ont-elles jamais été rendues publiques ? Pourquoi n'a-t-on jamais pu connaître les résultats des analyses sanguines effectuées à l'époque sur les mammifères testés ? N'est-il pas surprenant que ceux qui dénoncent votre étude soient ceux-là même qui interdisent l'accès aux données scientifiques d'alors ?

Enfin, professeur, vous étiez membre de la commission du génie biomoléculaire lorsque le maïs incriminé a été autorisé. Les avis des scientifiques divergeaient au sein de cette commission. Quels étaient leurs points de désaccord et comment cela a-t-il été tranché ?

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