Je trouve extrêmement sain que le ministre de l'agriculture envisage, une fois toutes les expertises rendues, de revoir les protocoles d'autorisation des OGM.
Votre recherche, professeur, se situant aux confins de la contamination de l'alimentation et de la toxicité de certaines substances, on ne sait pas très bien s'il faut utiliser les normes de toxicité médicale ou alimentaire, auquel cas il faudrait peut-être se poser aussi la question des ferments et autres micro-organismes utilisés aujourd'hui dans l'industrie alimentaire. Le champ ouvert est donc extrêmement vaste.
Une étude aussi déterminante que la vôtre devrait respecter les standards internationaux de recherche : taille des lots, nombre total d'individus, régime alimentaire des animaux, indication précise des constituants de l'alimentation et de la boisson fournie – il semble que la formulation du Roundup ait varié selon les lots… En tant que chercheur public, vous devez livrer l'ensemble de vos données, notamment unitaires. Vous le ferez, dites-vous, lorsque seront accessibles également celles sur lesquelles s'est appuyée l'autorisation du maïs en question. Ce n'est pas le bon raisonnement. Pour faire avancer la science et permettre l'expertise publique, il faut accepter de mettre toutes ses données sur la table, sans en exiger d'autres en contrepartie. C'est ainsi, à l'issue d'un débat contradictoire, qu'on peut espérer voir ses travaux reconnus et rasséréner, comme vous en avez l'ambition. Souvenons-nous de la publication dans la prestigieuse revue Nature il y a quelques années de cette étude qui démontrait prétendument l'existence d'une mémoire de l'eau et qui, une fois toutes les données exposées, a été invalidée !