Imaginez, mes chers collègues, la réaction du parti socialiste si la revalorisation des salaires dans le secteur privé était repoussée de six mois. Là, les syndicats auraient manifesté. Mais en l’occurrence, vous le savez très bien, mesdames et messieurs de la majorité, les retraités ne se mobiliseront pas.
Oui, la revalorisation le 1er octobre, c’est l’automne des retraites, l’automne des retraités. Il y a une différence entre vous et nous, nous l’assumons, et vous le dites également. Il y a une différence entre la majorité et l’opposition, qui porte notamment sur ce que nous souhaitons : nous appelons, nous, à une vraie réforme des retraites.
En 2010, nous avions un tabou : le pouvoir d’achat des retraités. On aurait pu, comme l’a dit M. Bertrand, augmenter la CSG. On aurait pu désindexer les retraites. Non, nous avons préféré mener une réforme courageuse, c’est-à-dire reculer l’âge du départ en retraite à soixante-deux ans. Vous, votre totem, c’était, à l’époque – je dis bien « à l’époque » –, la retraite à soixante ans. On le voit bien, le reniement est passé par là, puisque vous n’abrogez pas la loi de 2010 et que vous allez augmenter la durée de cotisation, avec les effets néfastes que nous savons sur les pensions des futurs retraités.
Là, je le crois vraiment, les retraités se sentent abandonnés, notamment les retraités qui toucheront moins de 1 000 euros, qui vont peut-être être impactés par la fiscalisation du bonus de 10 % attribué aux parents ayant élevé au moins trois enfants. C’est vraiment la mesure de trop. Ils sont quatre millions, en France, à toucher moins de 1 000 euros.
Selon des études, cette revalorisation reportée va représenter un manque à gagner de 327 euros par an pour les retraités. Oui, mes chers collègues, 327 euros par an ! C’est inacceptable, parce que les retraités seront tous touchés, mais surtout ceux qui touchent de petites retraites, et le pouvoir d’achat va encore diminuer. Ce dont ils vont surtout se priver, et c’est dramatique, c’est de nourriture. Oui, c’est de nourriture qu’ils vont se priver, car il y a des choses auxquelles ils ne pourront pas toucher : le chauffage, l’électricité, qui augmentent, et c’est encore infernal.
Ces petits retraités, mes chers collègues, sont très mécontents car ils se sentent véritablement abandonnés.