Monsieur Germain, vous avez la réputation d’être un homme intelligent, et vous connaissez les dossiers. J’ai donc tendance à croire que c’est surtout votre manque de courage que vous avez voulu habiller, parce que quiconque connaît ces dossiers sait que les périodes de chômages sont aujourd’hui prises en compte.
Sauf que, dans le privé, les vingt-cinq meilleures années sont prises en compte. Les années de chômage ne sont pas les meilleures années : elles n’entrent donc pas en compte dans le calcul de la retraite. C’est pourquoi, quand on repousse l’âge légal de départ en retraite, on a aussitôt des recettes. C’est une simple question de bon sens : on ne verse pas de pensions de retraites pendant cette période.
Prenez, par exemple, le rapport de Mme Moreau sur cette question. Il montre bien que si vous repoussez l’âge légal, cela a un effet immédiat sur l’équilibre du système de retraite. Vous savez aussi que repousser d’un an l’âge légal représente deux fois plus de recettes que d’augmenter d’une année la durée de cotisation. Ces chiffres-là ne sont pas les miens ; ils ne sont ni de droite ni de gauche ; ils figurent dans les rapports qui ont été remis au Gouvernement.
Seulement, vous avez trouvé beaucoup plus habile de dire que l’on augmentera un peu la durée de cotisation après 2020, plutôt que de repousser l’âge légal de départ, ce qui risquait de faire des mécontents. Vous avez préféré dire que la durée de cotisation augmentera progressivement de 2020 à 2035 – date à laquelle il paraît que pour des raisons démographiques, tout sera définitivement réglé. Pardonnez-moi : si le sujet n’était pas aussi grave, cette affirmation porterait à sourire !
De deux choses l’une : ou vous vous préoccupez des rapports au sein de la majorité et des intérêts de vos clientèles électorales, ou vous pensez à l’intérêt général. Il y a là une sacrée différence entre nous.