Intervention de Amiral Édouard Guillaud

Réunion du 3 octobre 2013 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

Au total, le résultat de la dernière attribution des postes représente indéniablement un succès – que certains commencent d'ailleurs à nous reprocher. Pour résumer, il y a toujours un Français dans les endroits importants.

La cyberdéfense – comme le renseignement – représente un domaine dans lequel les discussions restent plus aisées que le partage. Les cas de coopération les plus aboutis concernent les pays situés au même niveau que nous. L'OTAN s'est également emparée du sujet, l'attaque dont les pays baltes ont été l'objet il y a quelques années ayant provoqué une prise de conscience. En matière de défense passive – qui relève, en France, de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), rattachée au Premier ministre et au Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) –, nous travaillons de concert avec nos partenaires. La défense active possède des aspects plus proprement militaires ; si l'OTAN souhaite s'y investir, la coopération s'y révèle plus délicate, les joueurs les plus gros – en l'occurrence les États-Unis – ayant tendance à imposer leurs solutions à tous. Même dans la coopération bilatérale – que nous menons avec une demi-douzaine de pays – chacun joue à cartes cachées. Enfin, la cyberattaque – à des fins militaires ou économiques – constitue le dernier niveau. Il y a un an ou deux, le ministère des Finances avait par exemple fait l'objet d'une tentative de pénétration. Même si le sujet est souvent évoqué, les arrière-pensées des uns et des autres en compliquent le traitement dans le cadre de l'OTAN, car toute coopération suppose de déterminer qui prend les décisions.

Un centre d'excellence a toutefois été créé en Estonie, et nous participons à ses travaux. C'est dans le domaine juridique – et non dans l'informatique – que la coopération semble la plus précieuse. En effet, quand un ordinateur est attaqué en France – et qu'on ne sait pas toujours d'où vient l'attaque –, il est important de déterminer quel droit doit s'appliquer et jusqu'où on peut aller avant de se heurter aux barrières légales. Nos juristes envoyés en Estonie contribuent à la comparaison des juridictions des différents pays et de leurs perceptions de la menace.

Enfin, la lutte contre le narcotrafic fait partie de l'action de l'État en mer, qui représente environ un tiers de l'activité de la marine nationale. Celle-ci coopère depuis des années avec les douanes, notamment dans l'Atlantique et dans la zone des Caraïbes. Mais, si nos demandes de mutualisation interministérielle sont toujours accueillies avec enthousiasme, c'est toujours le ministère de la Défense qui se voit obligé de payer. Or non seulement nous n'avons pas assez d'heures de vol pour les Falcon 50, non seulement nous ne disposons pas d'hélicoptères en nombre suffisant, mais nous manquons parfois de bateaux. Ce qui, à la fin des années 1990, ne devait représenter qu'une réduction temporaire dure depuis près de vingt ans, sans que l'on n'ait jamais réussi à redresser la situation. Mais, alors que notre travail dans ce domaine leur est également utile, les promesses de participation des autres ministères ne sont jamais suivies d'effet.

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