Intervention de Amiral Édouard Guillaud

Réunion du 3 octobre 2013 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

Il y a un an, lorsque les chefs d'état-major vous ont confié être arrivés au bout de leurs possibilités en matière de réduction d'effectifs, et alors qu'il nous restait encore des postes à identifier, nous ne pouvions pas encore chiffrer toutes les conséquences de la mise en place des bases de défense. J'avais d'ailleurs dit publiquement que j'estimais les contrats de l'époque irréalistes. Depuis, les contrats ont changé, et l'on peut se permettre aujourd'hui de formuler un jugement différent.

La situation varie selon les armées, dont certaines – comme la marine avec le plan Optimar 2000 – ont commencé leur restructuration en 1995, d'autres un peu plus tard, certaines plus récemment encore. Vous avez évoqué, monsieur Fromion, la disparition totale d'une brigade, jusqu'à ses unités de combat ; je me demande pour ma part si l'on ne pourrait pas travailler sur la structure organique de nos armées. La décision de l'armée de l'air de fusionner cet été le commandement des forces aériennes et le commandement de soutien se traduit par exemple mécaniquement par un gain de quelques centaines de postes – en général d'officiers ou de sous-officiers supérieurs.

C'est donc bien notre façon de travailler que nous devons réexaminer sans tabous, sans hésiter à bousculer l'héritage des structures qui ont fait leurs preuves au cours de l'histoire. Je vous l'ai dit il y a deux ou trois ans, et je le pense encore : les bases de défense ont représenté une révolution pour l'armée de terre, car elles mettaient à mal l'autonomie régimentaire vieille de quatre siècles. C'est cette voie qu'il nous faut explorer pour réussir le dépyramidage – en espérant que cela suffira. Il n'est pas facile d'effectuer soi-même son analyse fonctionnelle ; aussi des objectifs ambitieux peuvent-ils nous servir d'aiguillon.

Enfin – plus fondamental encore –, il nous faut également remettre en cause notre modèle de ressources humaines en déterminant comment recruter, pour combien de temps, avec quelle proportion de militaires de carrière. Ce modèle date d'avant 1995 – année de la fin de la conscription. Nous devons donc nous poser des questions, au risque de trouver des réponses inattendues. Cet exercice que nous démarrons – et que le ministre de la Défense suit avec beaucoup d'attention – promet de se révéler décapant ; toujours difficile et douloureuse, l'entreprise d'introspection l'est d'autant plus que notre institution vit une contraction et non une expansion.

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