Intervention de Lucien-Louis Bayle

Réunion du 10 octobre 2013 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Lucien-Louis Bayle, président national de l'Union nationale des combattants, UNC :

À l'UNC, nous travaillons beaucoup avec la base et mon rôle de président consiste à recueillir les avis des cotisants des petites communes.

Le monde combattant demande une simplification des procédures, une clarification des critères d'attribution de la carte du combattant qui, pour l'heure, a tout d'une usine à gaz avec la référence à de multiples notions comme celles de « campagne ouverte », de « listes incomplètes ». Il paraîtrait ainsi judicieux d'établir une liste des théâtres d'opération concernés et de déterminer la durée prise en compte, qu'elle soit interrompue ou pas.

Je ne m'étendrai pas sur le décret de septembre 2013, pris, on l'a dit, sans concertation, en catimini – procédé qui me paraît un peu cavalier. La forme est essentielle et un dialogue constructif nous permettrait d'expliquer à la base ce qui se passe. Or une baisse de 20 % du taux de majoration des rentes mutualistes versées par l'État, soit près de 10 millions d'euros, c'est beaucoup. Certes, l'État est à la recherche d'économies, mais d'autres secteurs mériteraient une attention particulière. Le monde combattant ne se réduit pas aux personnes ayant combattu ; il est aussi constitué de leurs familles – aussi la Nation veille-t-elle au monde combattant car il en va de l'identité de la République. Cette mesure cavalière reflète la considération que l'on peut avoir pour le monde combattant... Je ne reviendrai pas sur les dégâts qu'elle a déjà causés : depuis que je suis président on me fait part des réactions de personnes en difficulté qui découvrent qu'elles vont l'être davantage à l'heure où l'on invoque la justice sociale.

Enfin, on ne prête pas assez attention aux veuves de guerre. Pour leur pension, il existe deux taux suivant que la période concernée se situe avant ou après 1962, ce qui crée une discrimination, pour reprendre un mot à la mode. L'engagement que nous demandons aux représentants de la Nation touche une population très peu nombreuse : environ 1 600 femmes âgées, qui ont presque toutes plus de quatre-vingt-dix ans, et qui ont besoin d'une attention particulière. La première personne que j'ai reçue en ma qualité de président de l'UNC est Denise Dariccau, présidente de l'Association des veuves de guerre : elle m'a déclaré qu'on les oubliait au motif qu'elles étaient âgées et qu'elles étaient des femmes. J'ai donc souhaité les intégrer dans les différentes commémorations : sachez que s'il n'y pas de porte-drapeau, le message de la République n'est pas transmis.

Nous comptons 220 000 adhérents, soit 220 000 familles. Les répercussions d'une décision d'apparence autoritaire sont dommageables au climat d'apaisement et de confiance qui devrait exister entre une communauté qui représente la France et ceux qui représentent les institutions de la République. Ancien haut fonctionnaire moi-même, je ne critiquerai pas la haute administration, mais si j'avais sorti un tel texte, mon directeur général m'aurait viré.

Vous trouverez en moi un homme de fortes convictions. J'ai cette force parce que je suis là alors que mes camarades, en Algérie, ne sont pas revenus. Et si je suis revenu, c'est pour témoigner de ce qu'ont vécu les combattants et leurs familles.

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