Intervention de Général André Soubirou

Réunion du 10 octobre 2013 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général André Soubirou, président de l'Association nationale des participants aux opérations extérieures (ANOPEX :

C'est la première fois que je m'exprime devant cette commission. L'ANOPEX regroupe les militaires – appartenant à toutes les armées et à la gendarmerie – qui participent à des opérations extérieures qu'ils soient d'active, retraités ou de jeunes actifs ayant quitté le service. Nous représentons également la dernière génération du feu, à savoir ceux qui ont participé à des opérations après la fin de la guerre d'Algérie. On compte une centaine de ces opérations, les plus connues étant celles menées en Afghanistan ou au Mali. L'ANOPEX est également constituée d'un nombre non négligeable de femmes, qui représentent entre 10 et 15 % des effectifs de l'armée aujourd'hui. Nous sommes solidaires des générations antérieures et honorons leur mémoire.

Je commencerai par exprimer un satisfecit sur un point mineur qui se chiffre à environ un million d'euros : l'achat de prothèses de la dernière génération. Il est tout à fait équitable que les jeunes blessés en OPEX bénéficient des technologies avancées en la matière et nous appelons votre attention sur la nécessité de pérenniser cette disposition pour assurer le renouvellement et la maintenance de ces prothèses.

La réglementation rend l'obtention de la carte du combattant très difficile. Dans un souci d'équité, il faudrait s'inspirer de ce qui a été fait pour la génération combattante d'Algérie pour laquelle on n'a plus distingué les unités combattantes et les unités non-combattantes. Ces notions, pertinentes pour la guerre de 1914, ne le sont plus pour les OPEX d'aujourd'hui : où qu'on soit, on court les mêmes risques ; il n'y a plus ni avant ni arrière. Nous souhaitons donc que la carte de combattant puisse être accordée à ceux qui auront passé 120 jours en OPEX. Ce serait un geste de reconnaissance. Il existe, certes, le titre de reconnaissance de la nation, mais la carte du combattant est un symbole fort. Le 21 février dernier, l'Assemblée a rejeté une proposition de loi visant à élargir les conditions d'attribution de la carte du combattant aux anciens combattants de l'armée française totalisant au moins quatre mois de présence en Algérie avant le 1er juillet 1964 ou en opérations extérieures. Après lecture des comptes rendus des débats, il m'a semblé que la représentation nationale n'était pas vraiment opposée au texte, les arguments du Gouvernement pour le repousser n'étant pas terribles.

Quant à la retraite mutualiste du combattant, on ne peut parler de niche fiscale de nantis ! Son bénéfice est la conséquence d'un droit à réparation pour des jeunes qui risquent leur vie, et ceux qui cotisent sont des engagés volontaires qui ont de petits salaires. Un « plan social » sans précédent, avec la suppression de 23 000 postes prévue par le projet de loi de programmation militaire, sans compter les 10 000 restant à supprimer de la précédente loi de programmation, ne manquera pas d'ajouter aux inquiétudes de la communauté de la défense. Celle-ci est en effet très secouée, même si elle se comporte avec dignité parce que son statut le lui impose et qu'elle a la conviction profonde de devoir participer à l'effort collectif.

Pour ce qui est de la mémoire, je salue l'effort fait pour commémorer avec les alliés le centenaire de la Première Guerre mondiale et le soixante-dixième anniversaire de 1944, mais nous déplorons la discrétion qui caractérise la commémoration des opérations extérieures : le 23 octobre prochain marquera le trentième anniversaire de l'attentat du Drakkar, à Beyrouth, dans lequel 58 militaires français ont trouvé la mort. Par ailleurs, nous n'avons rien vu, dans le projet de loi de finances pour 2014, concernant le projet de monument aux morts des OPEX.

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