Intervention de Gérard Delbauffe

Réunion du 10 octobre 2013 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Gérard Delbauffe, président du Souvenir français :

N'en déplaise à certaines associations qui ont mené un lobbying très actif ces derniers mois, M. Antoine Prost n'a pas fait de recommandations dans son rapport intitulé « Quelle mémoire pour les Fusillés de 1914-1918 ? » Il s'est contenté d'indiquer quatre pistes.

La plupart des associations se retrouvent dans deux des réponses proposées. Les unes souhaitent en effet une réhabilitation globale, les autres prônent une réhabilitation au cas par cas. Pour le Souvenir français, qui s'est donné pour mission d'honorer la mémoire des morts pour la France, la réhabilitation globale est exclue et inacceptable. Parmi les fusillés, on trouve en effet un nombre non négligeable de criminels de droit commun ou d'espions dont il serait choquant d'inscrire les noms sur nos monuments aux morts. Quant à la réhabilitation au cas par cas, elle pose des problèmes selon les historiens. Tout d'abord, des dossiers ayant été perdus, certains fusillés n'auraient aucune chance d'être réhabilités, ce qui serait particulièrement inéquitable. Ensuite, il faudrait juger de dossiers cent ans après les faits alors que ces sentences sont intervenues dans un contexte spécifique, en temps de guerre et dans une société qui n'est pas celle d'aujourd'hui. L'exercice serait illusoire. Conservons un peu d'humilité !

Le professeur Prost évoque deux autres solutions : l'une consisterait à ne rien faire, l'autre en « une déclaration solennelle éventuellement renforcée d'un projet pédagogique ». Cette déclaration qui pourrait émaner du « Chef de l'État ou de la représentation nationale » s'inscrirait à mon sens dans la droite ligne de l'évolution de ce dossier. En 1998, à Craonne, M. Lionel Jospin, alors Premier ministre, n'a jamais parlé de « réhabilitation » – pas plus que le Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, quand il s'est exprimé dix ans plus tard à Verdun – ; il a souhaité que les fusillés pour l'exemple « réintègrent aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale ».

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