Je suis en effet éleveur dans le département de la Loire et président d'un groupe coopératif. Le secteur coopératif représente 27 % de l'abattage, 10 000 salariés, et 4,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Sa spécificité est le lien très fort entre la production et les outils industriels : des producteurs investissent dans leurs outils pour en maîtriser la destinée, l'évolution. Cela implique une forte dynamique de la production. Nous avons donc besoin d'une PAC forte, favorable à l'élevage donc à l'emploi industriel.
En ce qui concerne le choc de simplification, si l'image des produits français en termes de sécurité alimentaire représente un incontestable atout à l'export, il convient d'en finir avec les tests ESB qui provoquent une distorsion de concurrence avec les pays étrangers. De même, il ne saurait être question d'instaurer des tests libératoires sur le steak haché uniquement en France, sans avoir au préalable réfléchi sur la valeur ajoutée que nous sommes capables d'apporter à nos produits.
L'écotaxe fait également partie des éléments de compétitivité. Le secteur de l'élevage subit une triple peine : on ne peut livrer les aliments aux élevages qu'en camion ; le transport des animaux dans les outils d'abattage ne peut se faire qu'en camion ; il en va de même pour la livraison de la viande et pour l'évacuation des sous-produits. Il faut donc très sérieusement réfléchir à exonérer l'élevage de cette taxe.
Par ailleurs, s'il ne saurait être question, dans un marché ouvert, d'interdire l'importation de produits, nous devons nous montrer capables d'informer le consommateur du lieu où les animaux sont nés, ont été élevés et abattus. Il s'agit aussi de l'informer sur la valeur ajoutée que nous apportons. L'étiquetage de l'origine ne revient pas à fermer les frontières de la France, mais à donner un libre choix au consommateur.
Quant au CICE, le sort des coopératives étant en suspens, je vous demanderai de faire en sorte qu'elles puissent en bénéficier car il s'agit d'un bon outil pour aider notre industrie. Est-il un vrai atout pour les services ? Je ne suis pas sûr que les entreprises de service souffrent d'un problème de compétitivité. L'industrie a besoin d'exporter. Certains produits ont une valorisation du fait d'habitudes alimentaires différentes – toutes les oreilles de cochon ne sont pas consommées en France.
Un vrai débat interprofessionnel a lieu au sujet de l'export. Faut-il exporter des animaux vivants, seulement des carcasses ? Souvent, malheureusement, on ne choisit pas. Nous avons besoin des services de l'État pour nous montrer le plus efficaces et réactifs, pour être présents les premiers dans des pays qui décideraient de s'ouvrir à tel ou tel marché.