Intervention de Dominique Langlois

Réunion du 9 octobre 2013 à 9h45
Commission des affaires économiques

Dominique Langlois, président de l'interprofession bétail et viande, Interbev :

Les transformateurs constitués en grands groupes sont informés par les industriels de l'origine des produits ; ils ont les moyens de communiquer sur la traçabilité et sur l'origine des viandes. En 1996, Interbev a bien mis en place la signature « Viande bovine française » en quinze jours, alors que personne n'y croyait ! Il a ensuite fallu attendre quatre ans pour qu'une telle pratique soit généralisée au niveau européen.

La crise de la viande de cheval a entraîné une diminution de la consommation de 30 % des produits élaborés à base de viande. Résultats : nous nous retrouvons aujourd'hui avec des stocks comme nous n'en avons jamais connu. Pendant ce temps une grande enseigne de restauration communique sur l'origine française de sa viande et joue sur les mots : 80 % de ces produits sont bien d'origine française, mais c'est vrai pour seulement 30 % de la viande qu'elle nous vend.

Lorsque l'abattage recule de 8 %, comment voulez-vous investir ? La priorité, c'est de régler les salaires. L'investissement est pourtant nécessaire pour maintenir les outils en état et transformer les abattoirs classés 3 afin qu'ils puissent exporter. Il doit aussi être consacré aux nouvelles technologies afin de moderniser et d'automatiser les équipements et de rendre les métiers de l'abattage plus attractifs et moins pénibles. Nous avons besoin de recruter mais, pour cela, il faut réduire la manutention. Nous pourrons alors attirer des candidats vers nos métiers et embaucher plus facilement des femmes par exemple. Nous refusons l'esclavagisme social tel qu'il semble se pratiquer en Allemagne : des salariés sont payés 3 euros de l'heure et s'entassent à dix dans une chambre. Nous devons également recruter des vendeurs car nous avons constaté que la consommation ne baissait pas quand des professionnels conseillaient les clients. Nous aurons besoin de 15 000 professionnels dans les trois ans à venir. Cela mérite de se mobiliser !

Je n'ai rien contre les circuits courts, mais ne rêvons pas : s'il ne restait plus qu'eux, l'industrie française de la viande disparaîtrait ! Les charolais ne peuvent pas être seulement abattus et consommés en Saône-et-Loire. Ce système ne peut être érigé en modèle d'une industrie performante de la viande française.

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