Je crois beaucoup à l'investissement dans la culture et dans les pratiques. Nous avons aujourd'hui à notre disposition un certain nombre de dispositifs et d'acteurs : appuyons-nous sur les acteurs et améliorons les dispositifs.
Si l'on veut agir sur la culture, la formation au développement durable est un axe majeur. Aujourd'hui, elle n'est qu'exceptionnellement abordée dans le cadre de la formation initiale. La semaine dernière, j'ai participé à une table ronde organisée par l'école de commerce Audencia Nantes, qui fait un travail formidable en la matière en incluant la formation au développement durable dans l'ensemble de ses cursus. Dans le cadre de la formation continue également, ne pensez-vous pas qu'il y aurait de quoi faire pour les managers dans les entreprises ? Je réponds positivement à la question du président : il faut effectivement évaluer ceux-ci au regard de leur prise en compte des critères RSE et de leurs résultats en la matière. Il y a plus de dix ans, au Conseil économique et social, nous faisions un rapport sur la place des femmes dans les lieux de décision. J'avais proposé qu'on évalue les managers sur leur capacité à faire monter les femmes. Pourquoi ne pas étendre cette évaluation à l'ensemble des sujets, aussi bien environnementaux que sociaux ?
Prenons le dialogue social pratiqué dans les entreprises aujourd'hui. Songez que les ingénieurs fraîchement sortis des écoles sont envoyés présenter la restructuration de leur service devant les comités d'entreprises sans même savoir ce qu'est un comité d'entreprise ! Ils ne peuvent qu'être en grande difficulté et ne parviennent pas à gérer au quotidien le dialogue social. Incontestablement, il y a à faire pour former à ces questions-là. De même, il faut aussi former les syndicalistes au développement durable – ils en ont bien besoin.
S'agissant des PME, nous avons été frappés de constater sur le terrain que, contrairement à ce que l'on pense, elles sont nombreuses mobilisées sur le sujet et à souhaiter l'être, et sont effectivement en attente d'appui et d'aide. Des structures qui organisent les PME travaillent sur ces questions depuis longtemps. Le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD) a fait, depuis dix ans, un travail formidable sur la conception de la performance globale en développant de nombreux outils – quiz, sites internet et autres. Des collectivités territoriales travaillent sur le sujet. La région nantaise a élaboré des sites internet qui fournissent aux chefs de petite entreprise des outils très pratiques pour travailler les éléments essentiels à l'inscription dans une démarche RSE. Les branches aussi ont un rôle à jouer. Ainsi, la branche du nettoyage, qui n'est sans doute pas formidable sur tous les fronts, s'est-elle emparée de ces enjeux dans le cadre d'un dialogue avec ses partenaires sociaux, avec lesquels elle a défini des objectifs, tels que la formation à l'usage des produits, la lutte contre l'illettrisme. Cela a des conséquences sur les personnels eux-mêmes mais aussi, de façon fort utile, sur le fonctionnement des entreprises. Sur cet aspect d'entraînement des PME, le dialogue social au sein des branches serait éminemment utile pour bien coller aux problèmes spécifiques à chacune.
Un mot sur l'obligation de compte rendu : très franchement, je ne vois pas comment on pourrait appliquer aux PME les quarante-deux critères prévus pour les grandes entreprises et qui, même pour ces dernières, devraient être adaptés. Cela ne signifie pas qu'il n'y a rien à faire. Simplement, on doit réfléchir aux indicateurs les plus pertinents pour elles, qui n'en feront pas pour autant une RSE au rabais mais qui s'appuient véritablement sur les leviers. Quant au dialogue social dans les PME, ne croyez-vous pas qu'il y a quelque chose à faire ?