Je retiens trois sujets des interventions : le concept de RSE, la relation PME-achats responsables, le compte rendu.
S'agissant du concept de la RSE, le pire serait d'en faire un élément en plus dans la vie des entreprises, auquel elles se consacreraient une fois qu'elles auraient assuré leur modèle économique, leur développement et leur activité, s'il leur reste du temps et de l'argent. Une telle conception n'a aucun avenir. La RSE n'est pas quelque chose en plus, c'est une façon de faire autrement les mêmes choses qu'aujourd'hui.
Les citoyens sont concernés par la RSE à travers la transparence de l'information délivrée aux consommateurs et la clarté des relations contractuelles que l'on établit avec eux. On a bien vu, dans le domaine des télécoms, qu'il y avait, dans les clauses contractuelles, des enjeux de responsabilité sociale vis-à-vis du citoyen. La RSE s'applique aussi à la gestion des ressources humaines, donc à tous les collaborateurs, qu'ils soient fonctionnaires ou salariés de droit privé, donc à l'ensemble des citoyens. Quand on parle de sauvegarder l'environnement, c'est pour les générations futures de la planète ; on parle bien de l'ensemble des citoyens. Il s'agit donc d'un ensemble de sujets.
Pour l'entreprise, c'est sa gouvernance, sa façon de traiter ses clients et de gérer ses ressources humaines, son approche de la R&D que l'on regarde à travers les lunettes de la RSE. Cette dernière est une démarche managériale qui consiste à prendre des engagements en matière sociale, sociétale et environnementale, et surtout à s'assurer, par certains mécanismes, que ces engagements sont tenus partout sur son territoire et tout au long de sa chaîne de sous-traitance, et d'en rendre compte. Il s'agit donc, non pas d'un thème supplémentaire, mais d'une façon de se responsabiliser sur des engagements que l'on prend dans son coeur d'activité. Bien évidemment, cela passe par le dialogue.
Comment amener les PME à voir la RSE comme un facteur de développement ? Il ne faudrait pas penser que seules les 23 % de PME engagées dans une démarche RSE sont responsables et que les autres ne le deviendront qu'à condition d'en faire autant. Les entreprises sont responsables et ne sont pas les dernières à agir. Parce que leur écosystème bouge peut-être encore plus et plus souvent, elles ont été conduites à s'adapter régulièrement à des contraintes, aussi par le dialogue. Elles ont beaucoup à apporter. Il serait certainement utile de les aider à structurer leurs actions en matière sociale, environnementale et sociétale, pour leur apprendre à se valoriser et à organiser les forces qui font leur attractivité vis-à-vis des talents. Aujourd'hui, de nombreux collaborateurs demandent à s'engager dans des entreprises porteuses de valeurs. Face à tout ce que peut offrir le monde du travail dans les grandes entreprises, pour attirer les talents, les PME peuvent jouer la carte de la RSE. C'est, pour elles, le sésame qui les rendra éligibles aux capitaux ISR, lesquels leur permettront d'innover et d'accéder à de nouveaux marchés. Surtout, il leur permettra de répondre aux exigences, de plus en plus importantes sur les sujets sociaux et environnementaux, des donneurs d'ordres et de la commande publique.
Les achats responsables s'inscrivent dans la logique de la RSE comme démarche managériale consistant à prendre des engagements et à s'assurer qu'ils sont tenus sur l'ensemble de la chaîne. En complément de ce que disait M. Doucin sur l'AFNOR, a été créée la médiation interentreprises suite à la remise du rapport Volot faisant état des relations catastrophiques entre donneurs d'ordres et sous-traitants en France. Une médiation conduite sous l'égide de Bercy a abouti à la définition d'une charte de l'achat responsable, signée par plus de 400 entreprises. Pour que la RSE ne se limite pas à la signature de chartes, il faut que ces entreprises fassent la preuve qu'elles mettent effectivement en oeuvre ce à quoi elles se sont engagées. Un label a été créé pour permettre aux entreprises de se faire évaluer sur leurs engagements. Aujourd'hui, on est loin de pouvoir labelliser les 400 entreprises signataires.
Depuis la loi Grenelle 2 de 2010, qui a étendu l'incitation législative de 2001 à un nombre plus important d'entreprises, le compte rendu est devenu un outil d'évaluation. Un outil, parce qu'il met en tension et imprime une dynamique au sein des organisations : pour rendre des comptes, il faut déjà être capable de piloter tous ces sujets. L'intégration de critères RSE dans la rémunération des dirigeants concerne aujourd'hui la moitié du CAC 40, et elle se développe de plus en plus. En matière de compte rendu, tous les indicateurs peuvent constituer des outils. Aujourd'hui, on ne demande plus seulement la transparence et la mise à disposition d'indicateurs, on demande que les organisations se rendent compréhensibles, lisibles, intelligibles et crédibles. En ce sens, le rapport intégré, qui permet de synthétiser et de remettre en perspective des données RSE dans une stratégie d'entreprise, peut être un bon outil. Le dialogue de branche permettrait également de vérifier les enjeux propres à chaque secteur. On le voit, il ne peut pas y avoir un outil unique valable pour tout le monde et en toute circonstance, mais probablement des outils spécifiques à chaque territoire et à chaque secteur professionnel.