Intervention de Jean-Marie Tetart

Séance en hémicycle du 16 octobre 2013 à 15h00
Questions au gouvernement — Politique agricole commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Tetart :

Ma question s’adresse au ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. Monsieur le ministre, vous affirmez que la politique agricole commune n’est pas renationalisée, qu’elle assure des aides à l’hectare égales sur tous les hectares européens. À qui voulez-vous faire croire cela ? Aux derniers convives d’un comice agricole, peut-être, mais pas aux agriculteurs ! Ils savent quant à eux que vous assumez une distorsion de compétitivité à l’encontre des polyculteurs français auxquels, en Île-de-France, vous retirerez 75 millions d’euros, soit 30 à 50 % des aides à l’hectare.

Non, vous ne faites pas le choix de l’équilibre et de la justice. Vous voulez un rééquilibrage en faveur des filières d’élevage, qu’il faut effectivement relancer et restructurer, mais la surcotation des cinquante-deux premiers hectares n’est pas la bonne voie. Une politique européenne de lutte contre le dumping social qui touche l’élevage et toutes les filières agricoles serait plus efficace. À la veille des élections européennes, c’est pour vous un trop grand défi. Vous préférez attaquer les grands exploitants céréaliers, qui font la productivité de notre agriculture et contribuent positivement à notre balance commerciale.

Votre politique est dangereuse : la surprime sur les cinquante-deux premiers hectares conduit à diminuer les aides aux exploitants et à fragiliser davantage ces derniers en cas de mauvaise récolte ou de baisse des cours. En outre, vous rendez aléatoires les dispositifs assurantiels, en dotant les régions du second pilier de la PAC de manière inégale et sans fixer le niveau de la couverture assurantielle à garantir. C’est le régime inacceptable de la double peine !

Déséquilibrée, votre déclinaison nationale de la PAC est aussi injuste. Vous offrez la transparence, donc la surdotation aux associés des GAEC, les groupements agricoles d’exploitation en commun, mais pas à ceux des EARL, les exploitations agricoles à responsabilité limitée. C’est inacceptable notamment pour les femmes exploitantes, que l’histoire a poussées majoritairement à intégrer des EARL plutôt que des GAEC !

Monsieur le ministre, étendez la transparence aux EARL ! Assurez-nous que l’enveloppe de gestion des risques, confiée aux régions, sera davantage abondée pour garantir une assurance récolte équivalente à ce qu’elle était dans le premier pilier !

Monsieur le ministre, avant d’engager ici la discussion de votre loi d’avenir, ne nous privez pas d’un débat national préalable qui vous éclairera et ramènera raison, équilibre et justice !

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