Monsieur le ministre, le projet de budget que vous nous proposez suit un chemin de crête, un chemin étroit entre le vice et la vertu. En disant cela, j’ai bien conscience de reprendre le vocabulaire des libéraux, qui prêtent une supériorité morale à l’orthodoxie budgétaire, méprisent le cycle économique ou s’acharnent à oublier l’apport de Keynes dans la conduite des politiques économiques.
Ce discours, on ne le connaît que trop bien : on l’entend à Bruxelles, on l’entend à Berlin et malheureusement aussi à Bercy. C’est le discours du triple B, longtemps connu sous le nom de triple A jusqu’à ce que les agences de notation décrètent la fin de ce totem et que la France découvre qu’elle pouvait vivre sans ce triple A.
Ce budget est vertueux. Il prend acte de l’effort consenti par la majorité depuis un an, qui a opéré un redressement inédit du déficit structurel et nous a permis de nous délier du fétichisme des 3 % de déficit.
Dans cette première année de mandat, nous avons délibérément donné la priorité au redressement des comptes publics sur la croissance. L’OFCE l’a montré. C’était un choix politique. De ce point de vue, ce budget 2014 est plus satisfaisant car il nous engage sur un chemin de croissance et d’emploi avec, il faut le souhaiter, une reprise plus nette de l’activité économique et une croissance supérieure à 1 %.
Oui, en 2013, la gauche a fait le sale boulot que la droite lui a laissé – ce que cette dernière ne se résoudra jamais à reconnaître. L’opposition préfère présenter à la presse un contre-budget de combat pendant qu’elle prépare, n’en étant pas à une contradiction près,…