C’est le choix que nous avons fait et, je le dis à mes collègues de la majorité, qu’il est important de maintenir, car c’est dans la durée que l’on juge une mesure fiscale.
Quant à la situation conjoncturelle, elle est simple : tous les trimestres, l’INSEE interroge les entreprises pour connaître les contraintes qui pèsent sur elles. Pour 50 %, c’est une contrainte de demande ; pour 14 %, il s’agit d’une contrainte d’offre de toute nature : contraintes financières, contraintes de capacité. Cela n’a rien d’étonnant : il en va toujours ainsi en période de récession. Et l’on sait que l’on ne sort des récessions que par la reprise de la demande. Il faut donc être extrêmement attentif à la demande, et en plus, il faut réduire les déficits. La bonne réponse, c’est de mettre l’accent sur la politique de l’emploi, comme le fait le Gouvernement. En effet, quand on crée un emploi dans le secteur non marchand – des emploi d’avenir, par exemple, ou des emplois aidés, qui d’ailleurs ont été renforcés –, non seulement cela joue évidemment sur la confiance, mais c’est la meilleure façon de créer un revenu. Ce faisant, on crée alors des débouchés pour les entreprises qui, à leur tour, vont se mettre à produire et à embaucher. Et c’est de cette façon qu’une économie redémarre. Voilà pourquoi je maintiens que, dans la situation actuelle c’est l’emploi qui fait la croissance. Ensuite, on reconstruira le cercle vertueux où la croissance créera aussi des emplois, bref on sera revenu à une situation normale de croissance.
Un mot sur la réforme des retraites. C’est une réforme courageuse et équilibrée en qu’elle fait appel tout à la fois aux entreprises, aux salariés et aux retraités. J’ai bien compris que le Gouvernement voulait compenser pour les entreprises la hausse du coût du travail que représentent les cotisations retraite. Si j’admets parfaitement que l’on compense, la logique voudrait qu’à long terme cette compensation se fasse au sein des entreprises, dans la mesure où une politique intelligente voudrait que tout allégement d’une cotisation universelle – famille par exemple – soit compensé par un développement de la fiscalité écologique sur les entreprises. C’est de bonne politique : on n’augmente pas le coût du travail – on l’a déjà abaissé de 6 % avec le CICE – mais on joue sur le coût de facteurs, qu’il faut précisément réduire. Je rappelle que la Suède qui a osé, il y a vingt ans, mettre en place une contribution climat-énergie qui a augmenté progressivement tous les ans, est aujourd’hui extrêmement compétitive.