Intervention de Stéphane Richard

Réunion du 11 juillet 2012 à 16h00
Commission des affaires économiques

Stéphane Richard, président de France Télécom-Orange :

Cet évènement a eu immédiatement une portée médiatique importante. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place rapidement des moyens pour informer nos clients et j'ai organisé une conférence de presse dès le lendemain, samedi, afin d'expliquer de la manière la plus transparente possible ce qui s'était passé et les modalités d'indemnisation.

La panne a été d'origine logicielle. Elle a affecté un des éléments principaux du réseau mobile. Un réseau mobile est constitué de trois grandes partie : le coeur de réseau, constitué notamment de serveurs informatiques qui gèrent les abonnés, et leur localisation ; les réseaux de collecte, c'est-à-dire les infrastructures de transport de données qui permettent d'acheminer les informations sur l'ensemble du territoire ; et puis il y a ce qu'on connaît le mieux, les antennes et stations de base, l'élément radio des réseaux de téléphonie mobiles. Le HLR (home location register) est le coeur du système puisqu'il gère l'authentification et la localisation de tous les abonnés, directs ou hébergés sur le réseau. Le HLR contient deux types de machine. Il y a d'abord le back-end, composé de six grandes machines qui gèrent les données de nos 30 millions de clients. Ces machines sont triplées : il y a une seule machine active et deux qui tournent en parallèle afin d'assurer la redondance. Il y a ensuite le front-end, constitué de 9 machines. C'est le dialogue entre ces deux composantes qui assurent le bon fonctionnement du système. Les machines sont installées sur plusieurs sites en France. Elles sont fournies par Alcatel-Lucent, notre fournisseur coeur de réseau, et sont de dernières génération : le problème n'a donc en aucun cas été causé par une éventuelle vétusté du matériel.

Il se trouve que chaque année, les équipes d'Alcatel-Lucent mettent à jour ces équipements, comme on met à jour un logiciel d'ordinateur, par exemple pour passer de la 3G à la 4G. Cette mise à jour se fait par un patch. Une mise à jour est intervenue sur nos équipements HLR 3 jours avant l'incident. Il semble que cette mise à jour soit la cause-source de cet incident. Il se trouve que cet incident n'a pas fait l'objet d'une alerte automatique, qui doit permettre d'activer les équipements redondants. Peut-être sommes-nous là dans le défaut de conception du système ou dans la défaillance humaine, je ne le sais pas encore… Toujours est-il que les redondances ou solutions de secours prévues par le système n'ont pas apporté de solution car elles n'ont pas été mises en oeuvre.

Ce problème n'est pas lié, a priori, à une attaque, à l'afflux de trafic, ou à un sous-investissement quelconque dans le réseau. Il s'agit tout simplement d'un accident logiciel. Dans tous les grands réseaux, il y a des problèmes qui peuvent survenir, présentant un caractère imprévisible, mais dont il est important de tirer un certain nombre d'enseignements.

Quels sont-ils ? Dès samedi, j'ai demandé un audit interne qui permette d'aller au bout de ce qui s'est passé, non pas sur le plan technique puisque nous en avons désormais une vision assez clair, mais plutôt sur les aspects périphériques comme la communication. J'en profite pour vous dire que j'ai eu M. Jean-Ludovic Silicani au téléphone samedi matin et de nouveau ce matin. Il m'a expliqué que vous aviez laissé ouverte la possibilité qu'il participe à l'audition de cet après-midi, ainsi que les raisons pour lesquelles il pensait qu'il ne s'agissait pas d'une bonne idée et c'est son droit le plus strict. Même s'il est normal qu'elle soit au courant d'incident comme celui de vendredi dernier, j'en profite pour rappeler qu'il n'y a aucune obligation juridique d'informer l'ARCEP…

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