Nous débattons de deux sujets distincts. Le premier est de savoir comment une commune ou un territoire peut protéger son nom, à tous points de vue. Selon moi, dans le cas qui nous occupe, Laguiole, qui se trouve victime, a moralement raison et malheureusement juridiquement tort. L'inverse vaut pour M. Szajner, mais la loi est ce qu'elle est. Cela étant, il faut prendre en considération un autre cas, celui des communes victimes, elles, de multiples comparaisons péjoratives – « C'est comme à Sarcelles » - quand se produisent, dans d'autres banlieues, des incidents déplaisants. Nous devons trouver le moyen de régler la question dans ses deux aspects.
L'autre débat tend à la sauvegarde des produits locaux, alimentaires ou artisanaux pour garantir la protection d'une qualité historique, et cette démarche est plus compliquée. Je suis un passionné de couteaux, et ce qui m'intéresse est de connaître celui qui a forgé la lame et fabriqué l'objet. C'est pourquoi je n'achète pas de couteaux de Laguiole dans le commerce car je n'ai pas l'assurance qu'ils ont effectivement été forgés en France : rien ne l'indique, sauf quand on connaît le coutelier. Peut-être faudrait-il donc étendre la notion d'appellation d'origine contrôlée aux produits de ce type, en élargissant éventuellement l'aire géographique aux produits qui ont la même histoire dans le terroir.
S'agissant enfin des productions AOC alimentaires, je déconseille d'acheter de la charcuterie corse vendue dans le commerce: elle est faite avec des cochons qui n'ont souvent jamais vu la Corse. Comment peut-on donner une appellation d'origine à un produit alors qu'il a seulement été fabriqué dans une région donnée ?