Je ne pouvais qu'applaudir à l'annonce de madame la ministre. J'avais en effet défendu il y a trois ans, le 20 octobre 2010, les avantages du conditionnement à l'unité des médicaments. J'aurais aimé l'interroger lors de son audition la semaine dernière, mais on ne m'en a pas laissé le temps, et la lecture du texte n'a pas répondu à toutes les questions que je me posais.
Je m'inscris en faux contre les propos tenus par mes collègues de l'UMP sur cette expérimentation que je soutiens. En effet, les avantages de la délivrance des médicaments à l'unité ne sont plus à démontrer. Contrairement à ce qui a été dit, des études ont été conduites dans le cadre de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) et de la Haute Autorité de santé (HAS), et elles concluent que cette démarche pourrait déboucher sur des économies substantielles à plusieurs niveaux. Il ne faut pas seulement prendre en compte l'écart entre la prescription et la facturation, qui s'élève – selon une étude française réalisée au sein de 100 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) – à environ 30 centimes d'euro par patient et par jour, mais aussi les hospitalisations pour cause d'effets indésirables, de perte d'autonomie des patients âgés ou de surconsommation de médicaments qui peuvent être évitées. Les économies sont donc bien plus importantes qu'on ne l'imagine : elles représenteraient plusieurs milliards d'euros. Je ne peux donc que soutenir cette expérimentation.
Cependant, ses modalités pratiques semblent avoir été oubliées. L'anxiété des pharmaciens ne doit pas nous empêcher de procéder à l'expérimentation, mais elle est compréhensible : la distribution des médicaments à l'unité nécessitera des opérations complexes de saisie des données et de contrôle de la traçabilité ; les officines seront contraintes d'embaucher du personnel supplémentaire et d'investir dans des matériels spécifiques. Or, seules les grosses officines peuvent se permettre l'achat d'un appareil de conditionnement. En milieu rural, les pharmaciens n'en auront pas les moyens. C'est pourquoi je propose que la préparation des doses à administrer (PDA) puisse être confiée à un établissement pharmaceutique industriel, ce qui permettrait du même coup de résoudre le problème du stockage des médicaments.
Je pense que le nombre de produits concernés par l'expérimentation pourrait être augmenté. J'ai proposé à madame la ministre, à la sortie de l'audition, de lui faire visiter un établissement de ce type. Cela pourrait aussi être instructif pour nos collègues qui sont réticents à l'idée de cette expérimentation : ils constateraient que toutes les mesures de sécurité et de traçabilité y sont respectées.