Intervention de général Denis Mercier

Réunion du 8 octobre 2013 à 17h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Je remercie M. Grouard pour ses propos sur le personnel car j'ai une grande admiration pour nos aviateurs qui font face à d'importantes restructurations tout en continuant à assurer leurs missions opérationnelles avec le plus grand dévouement.

Comment gardons-nous les compétences de nos effectifs ? C'est un vrai sujet de préoccupation pour moi. 2 400 des 7 881 suppressions de postes prévues dans les armées pour 2014 concernent l'armée de l'air. La manoeuvre RH est très complexe car lorsque nous supprimons environ 250 postes sur la plateforme aéronautique de Dijon, les personnes existent toujours, il faut gérer la déflation sur l'ensemble des compétences de l'armée de l'air. Par ailleurs nous devons trouver pour chaque aviateur restructuré une solution personnalisée, quel que soit son statut, de carrière ou sous contrat ! C'est de plus en plus difficile car, afin de maintenir des compétences là où elles sont nécessaires, on pourra moins, comme par le passé, tenir compte de toutes les volontés de chacun. Il faudra à l'avenir affecter les personnes qui disposent de certaines qualifications là où on en a vraiment besoin. Mon absence de maîtrise sur les effectifs qui se situent en dehors du budget opérationnel de programme (BOP) Air renforce la difficulté de l'exercice.

Nous n'avons effectivement pas de visibilité sur le calendrier des restructurations post 2014. Il est normal que notre personnel attende ces décisions et je souhaite qu'il puisse en être informé le plus rapidement possible.

On nous demande aujourd'hui de « dépyramider » en diminuant notamment les effectifs des officiers et des sous-officiers les plus gradés. Aujourd'hui, les promotions d'officiers sont ralenties et, si nous devons continuer à recruter en nombre, nous essayons de revoir la gestion des carrières pour qu'à un certain moment, l'officier ou le sous-officier puisse avoir le choix de poursuivre sa carrière dans la défense ou d'exercer ses talents dans le civil dans un souci constant de progression. Il s'agit clairement pour nous de mettre en place un nouveau modèle RH.

Je n'ai pas d'informations récentes sur la coopération entre l'Inde et la Russie au sujet du T-50. L'Inde continue à se doter d'une aviation de combat très forte et ce contrat devrait comporter des transferts de technologie. En tout état de cause, ce projet n'entre pas en compétition avec l'acquisition de Rafale par l'Inde.

Pour répondre à M. Fromion : ce n'est pas tant le MCO qui nous permettra de trouver des marges de manoeuvre pour notre aviation de combat et de diminuer le format de l'armée de l'air que la mise en oeuvre du principe d'entraînement différencié de nos pilotes précédemment évoqué. En tout cas, je considère que cette diminution du format, nécessaire pour faire augmenter l'activité aérienne, est la dernière avant de changer foncièrement de modèle d'armée et de ne plus remplir l'ensemble des missions qui sont aujourd'hui les nôtres.

Nous disposons, contrairement à d'autres pays qui ont fait le choix de diminuer les heures de vol de leurs pilotes, d'une capacité d'entrée en premier sur un théâtre d'opérations, qui a été démontrée récemment en Libye ou au Mali. Pour cela, il est fondamental que ceux de nos pilotes, de Rafale notamment, qui assurent cette mission d'entrée en premier ne se contentent pas de 120 à 150 heures de vols annuelles mais en fassent 250 heures, dont 70 sur des simulateurs. Cette exigence impose de remonter à 180 heures le niveau d'activité en priorité de ceux qui assurent la mission d'entrée en premier. Il est important de souligner que nous sommes aujourd'hui arrivés à un socle.

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