Intervention de Dominique le Guludec

Réunion du 16 octobre 2013 à 16h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Dominique le Guludec :

En outre, ma nomination me conduit à quitter l'instance de direction de la société savante à laquelle j'appartiens dès décembre prochain, afin de disposer d'une plus grande latitude pour remplir mes nouvelles fonctions.

Je ne dirai pas que la coupe budgétaire de vingt millions d'euros que nous subissons me réjouit. Mais cette baisse est conjoncturellement soutenable. Nos investissements dans le réacteur Cabri, à Cadarache, touchent à leur terme cette année, et nous ne ressentirons les coûts de fonctionnement qu'en 2016 : nous disposons donc de « liquidités » dans l'intervalle. Par ailleurs, toujours conjoncturellement, nous pourrons récupérer cinq millions d'euros de taxe sur les salaires. Le reste peut être prélevé sur le fonds de roulement de l'IRSN. Les programmes essentiels et les missions d'évaluation ne seront donc pas affectés. Mais il ne faudra pas que cette diminution des ressources perdure, sauf à mettre en péril nos capacités de recherche qui conditionnent la valeur de notre expertise. Nous réfléchissons aux moyens de la compenser, éventuellement en relevant le montant de la contribution versée par les professionnels du nucléaire, car nous aurons besoin de maintenir notre niveau de compétence quelles que soient les options retenues pour le bouquet énergétique de demain, qu'il s'agisse de bâtir de nouvelles installations ou d'accompagner les équipements en fin de vie.

La durée de vie des installations est arrêtée par l'autorité de sûreté. L'IRSN se borne à évaluer si les dispositions de sûreté que proposent les industriels sont suffisantes. Tous les dix ans, le niveau d'exigence augmente et l'IRSN conditionne la prolongation à la réalisation de travaux souvent coûteux. L'accident de Fukushima a ouvert une période marquée par l'exigence de bon fonctionnement dans des conditions extrêmes : c'est un bon exemple puisque l'IRSN a expertisé les solutions avancées par EDF, recherché les failles éventuelles et imposé des corrections actuellement mises en oeuvre. Nous sommes dans un dialogue permanent, qui se produit à dix, vingt et trente ans, et qui se produira pareillement à quarante ans. Il n'y aura pas de position globale mais un examen au cas par cas de chaque installation, qui sera admise à poursuivre son fonctionnement, ou non, par les pouvoirs publics.

J'ai été précédée dans la fonction par une femme, Agnès Buzyn, brillant professeur des universités, qui a fait un travail remarquable et qui a largement participé à me convaincre d'occuper cette fonction. Même si le milieu nucléaire est très masculin, je note avec plaisir que les femmes sont de plus en plus présentes à des niveaux de plus en plus élevés. 38 % des cadres sont aujourd'hui de sexe féminin. Les écoles d'ingénieurs ne sont pas encore à ce ratio, hélas !

En prenant mes fonctions, je n'étais pas forcément au fait des détails de la gouvernance de la sûreté nucléaire. J'ai été agréablement surprise par l'intelligence avec laquelle elle a été conçue en quatre pôles : les exploitants d'un côté, les pouvoirs publics de l'autre, l'expertise en troisième lieu et, enfin, les différentes associations. Ces quatre piliers m'apparaissent préserver le rôle et l'indépendance de chacun. Cela exige une collaboration permanente entre l'ASN et l'IRSN avec plus de six cents avis sollicités chaque année. Le dialogue me semble satisfaisant et tout à fait productif.

La transparence fait l'objet d'une charte et fait partie du prochain contrat d'objectifs. J'ai déjà évoqué la mise à disposition du public d'un grand nombre d'informations et d'expertises à travers le site internet. C'est une condition indispensable à l'acceptabilité de l'atome par la population. Nous veillerons à la maintenir et à l'amplifier, à mettre la connaissance à la disposition de tous. Les données des balises de radioprotection sont, par exemple, accessibles à tous en permanence.

En ce qui concerne mes liens avec AREVA, c'est très simple : il n'y en a aucun, non plus qu'avec quiconque parmi les industriels du nucléaire. Mes travaux de recherche ont porté sur des produits radiopharmaceutiques ; je ne pense pas qu'ils mettent en cause mon indépendance.

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