Je vous remercie pour votre discours factuel et votre exercice de vérité. En ce moment charnière, nous avons besoin de connaître la réalité. Mon intervention sera faite de remarques plus que de questions.
En matière d'effectifs, comme je l'ai dit au ministre, supprimer 44 000 postes, c'était déjà trop. Il était temps de faire une pause. Or on nous annonce que 34 000 nouveaux postes vont disparaître. Cela ne se fera pas sans perte de compétences et de capacités opérationnelles. Le mouvement de réduction des effectifs se poursuit depuis vingt ans et, après les restructurations successives, nous sommes aujourd'hui en dessous du seuil minimal.
Nous sommes confrontés à une équation infernale. On peut jouer sur deux variables d'ajustement : la première, les équipements qui font l'objet d'un nouvel étalement alors qu'il faudrait au contraire accélérer leur renouvellement ; la seconde, les effectifs, pour lesquels les objectifs sont impossibles à tenir, quoi qu'on en dise. En 2013, nous constatons déjà un report de charges très lourd, probablement de l'ordre de deux milliards, qui seront payables au début de l'année prochaine. À la fin de la LPM, ces deux milliards manqueront, et il en manquera sans doute davantage puisque la question du report de charges se posera tous les ans.
Ce qui me fait enrager, c'est que les armées sont seules à consentir de tels efforts. Je regrette que les administrations ne prennent pas chacune leur part. Depuis vingt ans, le bon élève obéit aux injonctions de réduction sans que les autres fassent de même. Quand va-t-on s'intéresser aux autres administrations ?
Les cessions immobilières concerneront nécessairement des sites restructurés ou fermés. Or je regrette que nous n'ayons pas connaissance, dans le projet de LPM, des fermetures envisagées au-delà de 2014. Cela me semble anormal, d'autant que des fermetures de grande ampleur risquent d'être décidées. En tant que parlementaires, nous sommes concernés, pas seulement au regard des conséquences sur le plan local ou de la répartition sur le territoire, mais parce que la politique de défense de la France est en jeu.
Les dépenses de fonctionnement courant ont connu en 2013 une baisse de 7 % qui, dites-vous, devra se poursuivre. Cela n'est plus possible. Je vous félicite de faire le maximum avec la meilleure volonté pour atteindre les objectifs qui vous sont fixés. Mais les disparités vont devenir choquantes. Notre collègue Folliot a raison quand il évoque la situation dans certains casernements. Vous ne pourrez bientôt plus demander aux personnels des efforts que les autres ne font pas. Quand on sait que le ménage n'est plus fait dans certains bâtiments… Où vont nos armées ? Vous ne pouvez pas exiger des personnels leur dévouement et parfois leur vie si vous ne pouvez pas faire vider les corbeilles… Il faut vraiment que nos concitoyens et nos collègues parlementaires se rendent compte de l'état dans lequel se trouvent nos forces armées.