Le budget américain de la défense a crû de 60 % au cours des deux administrations Bush : il s'établit aujourd'hui à 711 milliards de dollars. Il va désormais baisser, de l'ordre de 500 milliards d'euros sur dix ans. Cette tendance à la baisse est inéluctable. Depuis 1945, le budget de la défense connaît ainsi des cycles, qui comprennent des périodes de baisse et de réorganisation des bases.
Les États-Unis n'ont de toute façon pas le choix, le coût des guerres en Afghanistan et en Irak est pharaonique et va durer encore longtemps : on évoque le chiffre de 600 milliards de dollars de pensions de retraite à verser aux vétérans de ces deux guerres au cours des prochaines décennies.
Au sujet des mutualisations, le précédent Livre blanc avait évoqué, en conclusion, la possibilité d'élaborer un jour un Livre blanc européen. Je crois que ce n'est pas encore réaliste.
Il faut privilégier les partenariats intergouvernementaux non exclusifs, sans affichage européen mais avec un effet européen, à l'image de l'accord de Lancaster House conclu entre la France et le Royaume-Uni, qui intéresse aujourd'hui l'Italie. Comme vous, monsieur Fromion, je pense qu'il faut identifier nos zones d'intérêt stratégiques partagées avec d'autres pays européens. L'Europe est certes une communauté de valeurs mais elle est avant tout une communauté d'intérêts ! Nous n'avons pas forcément des intérêts communs à 27 mais, en fonction des zones géographiques, des intérêts communs avec certains pays : avec l'Italie ou l'Espagne en Afrique, par exemple, avec la Suède ailleurs.
Il me semble préférable que le futur Livre blanc désigne des zones d'intérêts plus qu'un arc de crise.