Monsieur Boisserie, la lutte contre la piraterie a été couronnée de succès dans l'océan Indien, même si le fait que les attaques ne réussissent plus depuis un an ne signifie pas que le problème soit résolu. Nous n'avons actuellement plus de moyen naval engagé dans la mission Atalanta, mais la frégate Aconit se trouve dans l'océan Indien et pourrait être mobilisée si nécessaire. La situation dans le golfe de Guinée devient en revanche préoccupante, car le brigandage maritime se transforme en véritable piraterie ; nous aidons donc nos partenaires africains à se doter des moyens de surveillance et d'intervention pour lutter contre cette menace.
La réserve opérationnelle est composée de gens indispensables : sans eux, les centres opérationnels de la marine s'arrêteraient de fonctionner. En 2015, nous souhaitons que 7 500 marins réservistes puissent être disponibles 25 jours par an. Cette réserve est économique et nous regrettons que ses effectifs diminuent du fait de la compression des crédits, mais si nous atteignons notre objectif pour 2015, nos centres opérationnels pourront continuer à agir.
Monsieur Guilloteau, le Livre blanc constitue le fondement de notre politique et il a déterminé la LPM et le PLF. Je souhaite que le projet de loi de programmation militaire soit adopté, car il décline le compromis du Livre blanc. On nous reproche souvent de défendre nos périmètres, alors que nous avons réfléchi cette fois en termes d'ambition de la France et de contrainte budgétaire. C'est à partir de ce raisonnement que nous avons défini les missions de la marine, puis que nous avons déduit les capacités nécessaires à leur exercice.
D'ici à la fin de la période de la LPM – prévue en 2019 –, nous disposerons de six FREMM ; au cours des discussions préparant le Livre blanc, j'avais insisté sur la nécessité d'avoir quatre frégates de défense aérienne, et la situation en Méditerranée orientale illustre le besoin de posséder des moyens de protection antiaérienne. Les huit premières FREMM seront composées de six anti-sous-marines et de deux frégates de défense aérienne – équipées de capacités de lutte sous la mer : il s'agit d'une commande ferme et trois autres bâtiments pourraient la suivre. Une fois leur comportement évalué, nous réfléchirons à la façon d'atteindre le format de 15 frégates de premier rang, prévu pour 2025. La LPM prévoit également que les frégates légères furtives possèdent un sonar de coque.
Monsieur Pueyo, c'est aux politiques de décider d'accroître la coopération européenne ! Quand on nous demande de monter une opération comme Atalanta, on le fait en moins de quinze jours. Quels intérêts veut-on partager entre pays européens ? Voilà la question fondamentale. Pour ce qui concerne les forces, deux initiatives sont déjà en cours : l'initiative européenne amphibie, ou EAI comme european amphibious initiative, et celle des porte-avions, l'ECGII ou european carrier group interoperability initiative, qui réunissent les pays possédant de tels bâtiments. La force navale franco-allemande n'est pas permanente, mais elle est mobilisable sur ordre. Nous en avons fait la démonstration en juin dernier au large de Brest pendant un exercice majeur, SPONTEX, auquel ont participé plusieurs marines européennes. Par ailleurs, nous développons le concept de Combined Joint Expeditionary Force (CJEF) avec les Britanniques depuis 2011. Cela nous permettra de résoudre la question de la permanence d'un groupe aéronaval en Europe. Le NH90 est également un programme européen – et même international –, comme les frégates FREMM et Horizon où nous sommes associés avec les Italiens. Il y a lieu d'augmenter par ailleurs la coopération entre les chantiers navals européens, alors que nous sommes souvent concurrents à l'export aujourd'hui. Nous, chefs d'état-major, devrions être plus raisonnables en termes de spécifications et éviter des situations comme celles du NH90 pour lequel nous en sommes à quasiment la vingtième version. Plutôt que de se perdre dans ces exigences, privilégions nos objectifs communs et concentrons-nous sur des réalisations comme l'école franco-allemande du Tigre ou la mise en place d'entités de soutien et de formation.
Madame Gueugneau, le BPC Dixmude avait déjà assuré du transport opérationnel à l'occasion du déploiement de la force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) en 2006 après avoir évacué les ressortissants. Le BPC s'apparente à un couteau suisse : il peut être un porte-hélicoptère d'attaque, comme devant la Libye, un navire-hôpital humanitaire, un navire chargé d'évacuer les ressortissants ou bien encore un transporteur opérationnel. Ce bateau a été conçu en étroite collaboration entre l'armée de terre et la marine, ce qui lui permet de remplir efficacement des missions très diverses. Le Dixmude a transporté plus de 500 hommes et du matériel lourd pour l'opération Serval. Le BPC Tonnerre vient, quant à lui, d'effectuer la relève de la composante française de la FINUL au Liban.
Monsieur Folliot, s'agissant de Clipperton, nous avons un accord avec le Mexique pour les autorisations de pêche, mais il est vrai que la marine ne peut pas être partout.
Nous achevons d'équiper en Rafale la deuxième flottille de l'aéronautique navale - celle-ci comprenant une quarantaine de Rafale à l'avenir. Nous avons progressé dans l'entretien des aéronefs de la marine, qui est dorénavant assuré par le service industriel de l'aéronautique (SIAé), organisme à vocation interarmées piloté par l'armée de l'air et qui travaille avec la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense (SIMMAD). Nous avons confié le destin technique de l'aéronautique navale à nos camarades aviateurs et nous nous en félicitons, même si les débuts furent compliqués du fait de la nouveauté d'un tel rapprochement. Ce mouvement ne doit en revanche pas altérer la capacité de la marine à embarquer, et nous devons veiller à pouvoir prélever des personnels de ces deux structures pour que les bateaux puissent prendre la mer.