Jusqu'à maintenant, l'énergie a été relativement bon marché. Mais aujourd'hui, tout le monde nous annonce une hausse importante des prix, qu'il serait impossible de limiter.
Je vois deux raisons à cette hausse : d'abord, la montée en puissance des énergies renouvelables, financée par le consommateur à travers la CSPE prélevée sur sa facture ; ensuite, les très lourds travaux à effectuer sur le parc nucléaire afin de porter à soixante ans la durée d'exploitation des centrales – le coût en est estimé à 40 milliards d'euros sur dix ans, mais il est question de 10 milliards supplémentaires pour renforcer les dispositifs de sûreté des réacteurs, conformément aux préconisations de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le prix de l'électricité devrait ainsi augmenter de 30 % d'ici à 2016.
Si la part du nucléaire est réduite de 75 % à 50 % en 2025, l'électricité, à niveau de consommation constant, coûtera deux fois plus cher à produire – et trois fois plus en cas d'abandon total du nucléaire.
Cette augmentation aura bien évidemment des conséquences sur notre développement économique et sur les ménages. En 2011 déjà, l'ensemble des foyers français a consacré 85 milliards d'euros à l'achat d'essence, d'électricité, de gaz et de gasoil. C'est 12,2 % de plus que l'année précédente. La dépense pour chaque famille dépasse 3 000 euros, ce qui correspond en moyenne à 7,7 % de son budget. Mais ce n'est qu'une moyenne. Le seuil de précarité énergétique étant atteint quand la part du budget consacré à ce poste dépasse 10 %, cela signifie que des milliers, voire des millions de foyers sont déjà dans cette situation.
Ce constat nous amène à nous interroger sur la transition énergétique que nous souhaitons. Mais au-delà de l'urgence sociale, il faut prendre en compte l'urgence écologique. Aujourd'hui, l'Allemagne installe centrale thermique sur centrale thermique – mi-août, une centrale à charbon de 2 200 mégawatts a été mise en service près de Cologne et vingt-trois autres sont en construction. Nos voisins y sont contraints par la cherté de l'énergie, par le manque de fiabilité du solaire et de l'éolien et, bien entendu, par leur sortie du nucléaire.
Cet exemple m'amène à aborder une autre question importante, celle des gaz à effet de serre. Certes, en Allemagne, les émissions de CO2 vont stagner, mais souvenons-nous qu'en 2008, ce pays en produisait dix fois plus que la France : 57 grammes par kilowattheure. Les pays du Nord devraient se préoccuper, bien plus qu'ils ne le font, du réchauffement climatique, et prendre conscience de leurs responsabilités à l'égard des pays du Sud qui en sont les premières victimes.
Quant aux propos sur la diversification du bouquet énergétique, ils seront vains si on ne pose pas tous les problèmes. Celui de l'intermittence se pose notamment pour l'éolien et le solaire. Chacun sait que la puissance installée ne correspond pas à une production réelle. Concrètement, comment procéder ?
Autre problème à régler : celui du raccordement au réseau. Chacun connaît le coût de l'acheminement de l'électricité, sait ce qui est faisable et ce qui ne l'est pas. La semaine dernière, sans doute à la suite de l'intervention du Syndicat des énergies renouvelables, ont été déposés en pleine nuit des amendements qui n'avaient pas été discutés en commission mais qui, sans doute, reprenaient des amendements déposés quelques jours auparavant.
Pour finir, j'aborderai un sujet jamais évoqué malgré son importance : quelle utilisation fait-on de la bourse carbone ? Quel est le crédit carbone apporté par l'effacement d'un pic de consommation ou par les énergies renouvelables ? Quelles sont les conséquences du programme RED – Rural Économic Development – sur les mécanismes de réduction des émissions issues des déforestations et de la dégradation des terres ? Nous voudrions en savoir davantage sur la spéculation qui se développe. Je sais que certains, parmi vous, détiennent des crédits carbone. Qu'en faire ? Veulent-ils les utiliser pour la transition énergétique ?