Intervention de Jean-Louis Bal

Réunion du 10 octobre 2012 à 9h30
Commission des affaires économiques

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, SER :

Je commencerai par une mise au point sur la question des amendements portant sur l'éolien. Monsieur Chassaigne, nous avons une longue pratique des relations avec les parlementaires, nous respectons l'avis des institutions et, France énergie éolienne ne faisant plus partie du Syndicat des énergies renouvelables, nous ne sommes pour rien dans ce qui s'est passé la semaine dernière.

S'agissant de l'intermittence sur le réseau électrique, j'ai indiqué que nous n'aurions pas de difficultés à court terme – RTE a ainsi constaté que, pour les 7 000 premiers mégawatts d'éolien installés, la capacité d'ajustement supplémentaire nécessaire n'a été que de 200 mégawatts –, mais il se posera des problèmes à moyen terme et des solutions doivent être préparées dès maintenant. J'ajoute que l'intermittence de la consommation est aujourd'hui au moins équivalente à celle qu'apporte l'éolien, même si celle-ci ne doit pas être minimisée. L'une des solutions réside dans le stockage d'électricité, et je rappelle à cet égard les importants programmes de recherche et développement qui ont été lancés par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) dans le cadre des investissements d'avenir. Une série d'appels à manifestations d'intérêt ont été lancés et primés, dans le domaine du stockage d'électricité et de chaleur.

La transition énergétique aura certes un coût. Sans pouvoir me prononcer sur le chiffre de 30 % d'augmentation du prix de l'électricité à l'horizon 2016 qui a été avancé, je signale qu'un tiers de cette augmentation est dû aux énergies renouvelables. L'important en la matière, c'est plus le montant de la facture que le prix du kilowattheure et c'est pourquoi les politiques de rénovation thermique des bâtiments sont essentielles puisqu'elles feront plus que compenser la hausse du coût de l'énergie.

La transition énergétique aura également un impact très important sur la balance commerciale de la France, notamment sur celle de l'énergie. Les 60 milliards d'euros de déficit de la balance commerciale énergétique – sur un total de 71 milliards – viennent essentiellement de la production de chaleur, et notamment de la consommation dans les bâtiments, ainsi que du transport. Je souligne donc à nouveau l'importance de la politique de développement des énergies renouvelables pour la production de chaleur, notamment dans le domaine du bâtiment.

En ce qui concerne l'autoconsommation du photovoltaïque, elle est déjà utilisée pour alimenter des bâtiments dont la consommation est diurne.

En matière de gouvernance, le développement à la fois des économies d'énergie et des énergies renouvelables se fera en grande partie sur l'impulsion des collectivités locales car elles seront les premières à en bénéficier. Leur implication dans la transition énergétique est donc essentielle, mais on ne se passera pas de la solidarité entre les territoires – les réseaux, super-réseaux et réseaux intelligents pouvant seuls régler les problèmes liés à l'intermittence et au foisonnement de la consommation et des ressources. La décentralisation est donc souhaitable, mais sous réserve de garder un cadre national. L'idée d'une politique européenne de l'énergie doit également progresser. Le Président de la République a recommandé une forte coopération énergétique avec l'Allemagne, et l'expérience que ce pays aura tiré de son Energiewende nous sera extrêmement utile pour ne pas répéter les erreurs qu'il va certainement commettre, tout en tirant profit de ses réussites.

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