Intervention de Henri Proglio

Réunion du 10 octobre 2012 à 9h30
Commission des affaires économiques

Henri Proglio, président d'EDF :

Je tiens d'abord à corriger une contrevérité s'agissant du rapport de la Commission européenne sur les stress tests et me contenterai, pour cela, de renvoyer aux déclarations de Mme Batho, ministre de l'énergie, et du président de l'ASN qui ont, l'un et l'autre, dit que ce rapport n'apprenait rien, qu'il n'était que la compilation des rapports des autorités de sûreté nationales. Si la France y figure en bonne place, c'est simplement parce que notre parc nucléaire est, de loin, le premier d'Europe.

Aujourd'hui, tout le monde est convaincu que le nucléaire est durablement appelé à occuper une place importante dans le mix énergétique mondial – et même à voir sa part y croître : la progression pourrait être de 2 % par an, a rappelé Luc Oursel. Cela tient à ce que beaucoup de pays ont fait le choix de cette énergie, à commencer par la Grande-Bretagne, dont on oublie trop souvent qu'elle en a fait le socle de sa stratégie pour assurer son indépendance énergétique et son efficacité économique. Mais, sans être exhaustif, je citerai, en Europe centrale, la Pologne, la République tchèque, les pays baltes, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie ; puis, plus loin de nous, la Turquie, le Brésil, la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite, l'Afrique du Sud… On ne peut donc pas balayer d'un revers de main une expertise qui est pour la France une carte à jouer sur le plan international. Il y a peut-être là un espoir pour le développement de notre industrie et de nos exportations. Ne voyez aucun parti pris dans mon propos, qui n'est inspiré que par un respect lucide pour les compétences acquises par ce pays et par les gens qui se sont consacrés à cette filière.

Le protocole avec la Chine appellerait une réponse très longue de ma part. Où le nucléaire connaîtra-t-il demain son plus fort développement ? On peut dire avec certitude que, dans les trente ans qui viennent, 80 % des nouvelles centrales seront construites en Chine. Ce pays va, à partir du début de l'année prochaine, construire un réacteur nucléaire tous les mois, tout comme il construit aujourd'hui deux centrales à charbon chaque semaine. Si nous voulons être présents sur les marchés de demain, il ne faut pas méconnaître ce fait. Faut-il un partenariat avec les Chinois, à qui sert ce partenariat ? EDF s'est-elle faite l'instrument de détournements d'expertise ou de technologie au profit de tel ou tel pays étranger ? L'hypothèse est vraiment risible ! Je parle sous le contrôle de mon ami Luc Oursel, avec qui nous avons noué de longue date des partenariats que nous avons renforcés récemment.

La France a apporté sa technologie à la Chine il y a maintenant trente ans et a été à l'origine du développement du parc nucléaire chinois. Elle dispose, de ce fait, d'un atout. Faut-il y renoncer ? Faut-il ou non bâtir une coopération industrielle avec ce pays en vue de développer l'industrie française ? Cette question intéresse beaucoup plus encore Luc Oursel que moi-même : dans cette affaire, EDF est au fond le soutien indéfectible de l'industrie française et d'AREVA.

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