Intervention de Jean-Louis Bal

Réunion du 10 octobre 2012 à 9h30
Commission des affaires économiques

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, SER :

Je souscris à ce que vient de dire M. Luc Oursel quant à la difficulté de mobiliser la biomasse.

Je ne crois pas qu'il y ait une divergence de principe entre EDF et le SER sur la question de la gouvernance, qui serait nécessairement centralisée pour l'une et à décentraliser pour l'autre. Il me semble seulement que le curseur est appelé à se déplacer vers les collectivités lorsqu'il s'agit de valoriser des ressources locales, mais nous aurons toujours besoin d'une solidarité nationale, voire européenne.

Le développement des énergies renouvelables a un coût qui ne peut être sans effet sur celui de l'électricité, mais cet impact sera selon moi provisoire : les acteurs de ces secteurs apprennent à une vitesse impressionnante et ces énergies deviendront à relativement court terme un élément de stabilisation du prix de l'électricité. Mais, en attendant, c'est un fait, nous sommes à une étape où l'impact est négatif.

Aujourd'hui, nous ne pouvons dire dans quelle mesure la hausse du tarif du photovoltaïque influera sur le prix de l'électricité et, d'abord, sur la CSPE : nous ignorons en effet quel volume sera concerné. Toutefois, l'effet devrait être relativement marginal, puisque cette hausse ne sera que de 5 %, au seul bénéfice des installations d'au plus 100 kilowatts.

Dans cette affaire du photovoltaïque, l'État a mis longtemps avant de constater l'existence d'un emballement et de s'aviser que se constituait une « bulle », nourrie par l'importation de matériel pour 50 % chinois, mais également allemand. Il a ensuite réagi de façon beaucoup trop brutale, cassant la dynamique de ce secteur. Il faut éviter ces erreurs de pilotage à l'avenir : nous devons nous doter d'une politique de la demande et d'une politique de l'offre qui soient coordonnées. Aujourd'hui, le développement des énergies renouvelables dépend en effet d'un trop grand nombre d'administrations et d'établissements publics et, à défaut du secrétariat d'État à la transition énergétique dont il a été question un moment, il me paraît indispensable d'avoir, au niveau de l'État, une instance qui, tout en travaillant avec les professionnels, ait la main à la fois sur la politique industrielle et sur la politique de développement de la demande – sans oublier la politique de soutien à l'exportation.

N'ayant jamais entendu avancer le chiffre de 40 000 éoliennes, je m'abstiendrai de commenter un tel projet.

Le potentiel est considérable du côté de la production de biogaz. Ce secteur a bénéficié depuis deux ans de nouvelles incitations : revalorisation du tarif de production d'électricité, définition d'un tarif d'injection dans le réseau de gaz naturel… Cependant, le montage des projets est très long car il faut, là aussi, organiser l'approvisionnement sur le long terme, et nous ne pouvons donc pas encore évaluer l'efficacité de ces incitations. À cela s'ajoute la complication d'un régime de financement dual, notre pays distinguant en la matière entre l'étape du traitement des déchets et celle de la production d'énergie. Néanmoins, nous devrions constater dans les prochaines années un développement notable des biogaz, développement dont les grands groupes ne se désintéressent nullement – à preuve les positions prises par Dalkia et Cofely.

Le développement du photovoltaïque et de l'éolien ne doit en effet pas nous faire négliger le bois, première des sources d'énergie renouvelables…

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