Je vous rassure, Messieurs, je ne souhaite ni réduire ni supprimer la production de bananes. Je suis moi-même agricultrice, plus précisément viticultrice, et je suis membre du groupe écologiste. Pourtant, je ne travaille pas en bio. Mais je recherche des solutions pour utiliser le moins possible de produits phytosanitaires et je suis attentive à ce que peuvent nous proposer en ce sens les agro-écologistes et des chercheurs en agrologie : c'est vrai que sans colonne vertébrale, on est infirme mais, si la colonne vertébrale est sous perfusion de produits phytosanitaires qui la détruisent petit à petit, on ne parviendra à rien de bon. Pendant vingt ans, j'ai traité chaque hiver les bois de vigne à l'arsenic pour lutter contre une maladie. C'était à l'époque obligatoire, c'est aujourd'hui interdit, mais, quand la décision a été prise, elle a fait du bruit dans la profession et nous n'avons toujours pas trouvé de remède contre cette maladie. Mais, en définitive, l'arsenic était pour la vigne ce que sont pour l'homme les traitements contre le cancer, dont nous savons qu'ils sauvent peu de gens.
Il serait salutaire de repenser l'agriculture dans vos îles comme en métropole. Si la banane n'occupe que 25 % de la surface agricole utile en Martinique, cela laisse de l'espace pour une diversification des productions : en plantant partout de la banane ou, dans nos régions, en multipliant les champs de maïs, on va dans le mur ! Le projet de loi d'avenir pour l'agriculture doit nous donner les moyens de sortir d'un système qui nous enterre tous !