Intervention de Michèle Bellon

Réunion du 16 octobre 2013 à 16h15
Commission des affaires économiques

Michèle Bellon :

Exactement ! D'où la nécessité d'un effacement sélectif ! Je veux également rappeler que Linky fonctionne et que nous l'avons testé en grandeur réelle, avec près de 300 000 compteurs déployés en Indre-et-Loire en zone rurale et semi-rurale, ainsi que dans quatre arrondissements et dans la banlieue de Lyon.

Linky servira les intérêts du consommateur mais s'avère tout autant profitable au réseau. Si l'on veut continuer à développer des énergies renouvelables intermittentes, comme le photovoltaïque ou l'éolien, le réseau doit être renforcé mais aussi rendu plus intelligent, pour connaître en temps réel l'état de la production électrique. Les producteurs disposeront donc également de compteurs communicants. Nous saurons ainsi à tout moment ce qui est produit et ce qui est consommé et comme l'électricité se stocke difficilement, notre gestion sera grandement facilitée.

Le compteur est-il intrusif ? Nous ne le pensons pas dans la mesure où seule la consommation totale est comptée et où les usages et effacements d'usages s'opéreront selon des contrats signés par le consommateur lui-même. Au surplus, le consommateur pourra choisir le tarif le mieux adapté, selon par exemple qu'il est absent de chez lui le week-end. En revanche, on ne saura pas à quelle heure le client prend sa douche parce qu'en général le ballon d'eau chaude se recharge durant la nuit, et pas à chaque fois que 10 ou 20 litres d'eau sont consommés. Nous avons du reste l'obligation, en tant qu'entreprise assurant une mission de service public, de garantir la confidentialité des données dont nous disposons, et qui appartiennent aux clients. Nous continuerons d'être extrêmement vigilants sur ce point.

S'agissant du coût de 5 milliards d'euros, tout dépend de la vitesse de déploiement. Si vous déployez sur quinze ans au lieu de déployer sur cinq ans, cela coûtera forcément plus cher car davantage de monde devra être mobilisé au total et l'amortissement sera différent. Le plan d'affaire que nous avons transmis au régulateur prévoit, comme l'a annoncé le Premier ministre, un déploiement de trois millions de compteurs en 2015 et 2016, puis les 32 millions de compteurs restants dans la continuité et sans interruption jusque fin 2020. S'il devait y avoir une interruption, cela poserait notamment de vrais problèmes d'emploi, tant chez les fabricants de compteurs et de concentrateurs que dans les entreprises de pose. Nous visons donc une certaine continuité dans le déploiement dans un délai raisonnable et raisonnablement supportable pour nos équipes et pour les installateurs électriciens. Selon les configurations, le coût se situera donc de fait entre 4,5 et 5 milliards d'euros.

Quand j'entends M. Muchnino dire que de toute façon, le consommateur paiera, je ne peux pas aller dans son sens car le système doit se rembourser sur les économies générées, notamment en termes d'interventions. Davantage d'interventions à distance, c'est en effet beaucoup moins de kilomètres parcourus, environ 35 millions de kilomètres selon nos estimations. Par ailleurs, nous détecterons mieux les pertes sur le réseau, qui sont pour partie des pertes physiques que nous ne pouvons éviter, mais qui résultent aussi de fraudes et de consommations non comptabilisées. Chacun paiera ainsi le juste prix de ce qu'il consomme réellement. Voici pourquoi, d'après nos calculs, le coût sera neutre pour le consommateur, les économies générées permettant d'amortir sur 20 ans l'investissement initial. Cette durée est celle de notre plan d'affaire et correspond à la durée de vie du système mis en oeuvre. Il y a bien un coût d'investissement, mais sans cet investissement nous ne ferons pas les économies qui vont avec.

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